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    J’ai déjà développé cette idée, mais être orthorexique, ça complique souvent la vie quand ça ne la rend pas carrément angoissante. D’abord parce que presque quotidiennement, on découvre qu’on a des pratiques qui semblaient saines alors qu’elles ne le sont pas tant que ça (citons par exemple l’huile de colza qui peut être produite avec des solvants, le bio qui ne le sera jamais totalement…)

    Mais autre source d’anxiété, l’orthorexique ne parvient pas toujours à se mettre en conformité avec ses propres valeurs. Personnellement, c’est mon cas dans certaines occasions.

     

    Globalement, on peut dire que je suis assez au clair avec ma façon de consommer, de m’alimenter. « Assez » seulement ! Parce que parfois, j’ai quand même des états d’âme.

    J’ai beaucoup réfléchi à ma manière de me nourrir, à ma santé (et à celle de mon mari !), et cela m’a conduite donc à manger sans gluten, le plus souvent sans produits laitiers d’origine animale, des aliments le moins transformés possible. Je crois que j’ai dans l’ensemble une conscience écologique (je trie mes déchets, j’essaie d’économiser l’énergie, l’eau, d’éviter les pièges de notre société qui nous pousse à dépenser toujours plus en biens inutiles). Évidemment, il y a plein de choses pour lesquelles je n’ai pas franchi le pas, soit parce que mes moyens ne me le permettent pas (avoir une maison à énergie passive ou positive), soit parce que mes conditions de vie ne sont pas adaptées à certains changements, comme faire du compost, mais disons que j’ai bien progressé.

    Je parle de « conscience écologique » parce que je ne me reconnais absolument pas dans l’écologie politique. Les quelques écologistes qui ont pu être aux responsabilités par le passé ne paraissent pas avoir contribué à faire avancer significativement les choses dans ce domaine, ceux qui semblaient les plus sincères ne sont pas allés très loin dans leur « carrière » (mais devrait-on faire carrière dans l’écologie ?) Et pour les deux dernières personnes en charge de ce ministère… comment dire ? Je ne suis pas vraiment convaincue, c’est le moins qu’on puisse dire. L’actuel titulaire de la fonction pourrait même sembler pitoyable dans ses renoncements successifs… cela étant, il y a bien d’autres personnes davantage dignes de pitié que lui et du coup, je le plaindrai quand j’aurai un moment.

     

    Sauf que si j’avais une vraie conscience écologique, si j’étais une vraie orthorexique en règle avec elle-même… je ne mangerais pas de fruits et légumes hors saison ! Pourtant, je l’avoue à ma grande honte, je le fais.

    L’été, je ne cherche bien sûr pas les fruits et légumes d’hiver, parce que l’offre est abondante, variée et délicieuse (quoique, certains étés, je ne me sois pas privée d’une pomme quotidienne, même si j’ai partiellement perdu cette habitude).

    Le reste du temps, c’est plus difficile. Dans mon cas, ce sont surtout les légumes qui sont concernés. Les mois d’hiver ne sont naturellement pas ceux où on trouve en France tomates (plein été), courgettes (que l’on récolte en juin, juillet, août, septembre), aubergines (juillet, août, septembre, octobre), poivrons (été également)…

    Or, les courgettes notamment, j’ai beaucoup de mal à m’en passer. J’en utilise souvent (j’adore entre autres le couscous, mais également le poisson au four avec un mélange d’oignons, de courgettes donc, quelques rondelles de tomates, et plein d’huile d’olive). Je raffole aussi des aubergines en gratin avec des tomates et du parmesan, ou farcies avec du brocciu, du poisson à la provençale avec poivron, olives, tomates.

    Pour ces dernières, le cas est un peu particulier, car pour pas mal de recettes, on peut utiliser celles en boîte ou du coulis. Mais je reconnais qu’il m’arrive d’en acheter aussi des fraîches quand je désire faire certains plats.

    Je m’en veux bien sûr, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, ces légumes sont moins bons que quand ils sont consommés en pleine saison (encore que je n’aie jamais vu de grosse différence pour le goût des courgettes, par exemple).

    Ensuite, ils viennent inévitablement de l’étranger, fréquemment du sud de l’Espagne. Et même quand ils sont bio, on peut toujours se poser la question de savoir si les contrôles sont aussi stricts que chez nous (cela étant, sont-ils en France si stricts que cela ?) J’avais vu une émission plutôt affolante sur la culture des tomates en Espagne. Certes, on n’avait pas parlé du bio, mais concernant l’utilisation de produits chimiques, c’était alarmant. Donc, lorsque je consomme quand même des légumes de ce type, j’ai bien sûr mauvaise conscience, mais je suis également inquiète de la qualité de ce que j’absorbe et donc des conséquences possibles sur notre santé.

    Et puis, quand ça vient de loin, il y a la conservation en réfrigérateur, et bien sûr le transport. Ce qui signifie camions, donc essence, donc gaz à effet de serre, c’est mauvais pour l’environnement et pour la planète. Et quand je mange ainsi, je suis une mauvaise citoyenne parce que je fais travailler des producteurs étrangers souvent moins payés que les nôtres, etc.

    Bref, c’est le stress maximum !

    Mais je le fais quand même. Pourquoi ?

     

    Parce que j’aime ces produits et que j’ai du mal à m’en priver plusieurs mois d’affilée. Parce que l’être humain n’est pas fait d’un seul bloc et qu’on a tous nos paradoxes. Parce que nul n’est parfait. Parce que je mange quand même mieux que la plupart des gens… Parce que quand on achète, y compris dans des magasins bio, des ananas, des papayes, des bananes (presque systématiquement produits fort loin de la France métropolitaine), on ne se pose pas toutes ces questions.

    Et surtout… parce qu’on se trouve toujours des excuses pour ses travers honteux.

    Et ma pire turpitude alimentaire ? C’est le raisin, une fois qu’il n'y en a plus du français. Une partie de l’année, quelques minutes avant d’aller me coucher, j’en déguste une petite grappe qui, horreur des horreurs, hors saison, vient d’Afrique du Sud ou du Chili !

    J’ai tort, je le sais. Mais de le savoir n’y change rien, malheureusement. Disons pour le moment. Je ne désespère pas, et je me dis souvent que je vais faire des efforts, devenir une vraie locavore (ce qui me paraît le pendant logique de l’orthorexie). Mais en toute honnêteté, pour le moment, c’est un peu mal parti.

    Donc, en consommant fruits et légumes en dehors de leur période de récolte chez nous, d’un certain côté je me fais plaisir, mais ce plaisir est entaché de culpabilité. La culpabilité pour une raison ou une autre est quand même une constante de l’orthorexie ! On culpabilise de ne pas arriver à avoir une nourriture complètement pure malgré ses efforts, et on culpabilise quand on sort clairement du droit chemin.

     

    Je l’ai dit à plusieurs reprises mais je le répète : la vie d’une orthorexique engendre beaucoup de satisfactions, mais elle n’est pas toujours de tout repos !!!

     

    (Enfin, on me dira qu'il y a des problèmes plus graves...)

     

     

     

     

     

     


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    J’ai déjà parlé de la méthode Linecoaching, inutile donc de rappeler les principes sur lesquels elle est fondée.

    J’ai dit que ce programme me paraissait vraiment intéressant, et probablement adapté à la fois pour lutter contre les TCA et pour perdre du poids. En tout cas davantage que les régimes stricts, impossibles à tenir sur le long terme, et dont il semble à peu près prouvé qu’ils sont inefficaces. Tous les régimes marchent dans un premier temps, c’est certain. Mais des études auraient montré que plus de 80% des gens ont repris le poids perdu trois ans après la fin d’un "rééquilibrage alimentaire" (selon une terminologie actuelle qui se veut sans doute moins effrayante), voire en ont repris davantage. Donc, pourquoi ne pas se tourner vers un procédé radicalement différent ? Là, on change incontestablement de perspective. On ne se contente pas d’apprendre à limiter ses prises alimentaires (parce que c’est quand même le but), on s’interroge sur les raisons pour lesquelles on mange trop, et on essaie de trouver des stratégies pour y remédier.

    Mais il y a autre chose en relation avec Linecoaching qui me convainc encore plus. Il s’agit de la réflexion qui est menée principalement, me semble-t-il, par le docteur Apfeldorfer. Celui-ci essaie en effet d’expliquer « l’épidémie » de surpoids et d’obésité qui semble affliger le monde contemporain, depuis disons la fin de la seconde guerre mondiale.

     

    Pour lui, dans les pays occidentaux (ou ceux en voie de développement, qui adoptent nos modes de vie), nous connaissons une conjoncture inédite dans l’histoire de l’humanité.

    Depuis son origine, l’homme a dû faire face à des périodes de disette, ou même de famine. Donc, dès qu’il avait de la nourriture à disposition, voire dès qu’il y avait une période faste de ce point de vue, il s’alimentait en quantité, en prévision des jours « maigres ». Pour dire les choses simplement, on mangeait beaucoup car on ne savait pas quand on mangerait de nouveau. Et les stocks que faisaient les organismes permettaient de survivre (parfois) aux disettes.

    Or, situation totalement nouvelle dans l’histoire de l’évolution : dans les pays dits développés ou en voie de développement, c’est désormais l’abondance qui est la règle. Disons au moins l’abondance en quantité (si ce n’est en qualité).

    Bien sûr, je généralise à outrance, car même dans nos contrées, il y a des gens qui ne mangent pas toujours à leur faim, mais c’est devenu très rare. À ma connaissance, sauf cas de figure extrême, on ne meurt plus de faim en France et dans les pays du même type. On est au contraire confronté à une profusion d’aliments… il n’y a qu’à voir les supermarchés et l’offre pléthorique qu’ils proposent.

    Cela fait environ un siècle (pour arrondir) que cet état de fait s’est installé… contre des millénaires à avoir alterné les phases de dénuement et les phases plus clémentes.

    L’homme occidental n’aurait donc pas eu le temps d’assimiler ces nouvelles données. Son cerveau fonctionnerait toujours comme il l’a fait depuis la nuit des temps (je mange beaucoup en prévision du moment où je n’aurai plus rien)… sauf que désormais, il n’y a plus de pénurie alimentaire. Outrepasser ses besoins et stocker comme si on allait manquer, alors qu’on ne manquera pas, conduiraient au surpoids. C’est là qu’on rejoint le programme de Linecoaching : on n’a pas besoin d’entasser la nourriture chez soi, on n’a pas besoin de se suralimenter, puisqu’on pourra toujours acheter et consommer quand on le voudra.

    Ajoutons naturellement que nous avons beaucoup moins d’activité physique qu’autrefois (du fait des moyens de transports actuels, des professions sédentaires), une nourriture très riche… et voilà comment on peut expliquer l’explosion des cas d’obésité.

    Ce discours est logique, séduisant intellectuellement, à tel point qu’il est probablement vrai. Il me semble qu’il est moins simpliste que celui qui consiste seulement à évoquer une épidémie de manque de volonté qu’il faudrait combattre à grands coups de régimes plus ou moins fantaisistes.

    Cela étant, de même que dans mon premier article sur le sujet, j’apporte quelques réserves à ces réflexions. Pour le docteur Apferldorfer, je le rappelle, toute la nourriture actuelle est dans l’ensemble bonne, et notre corps sait de toute façon tolérer (en quantité modérée) certains apports potentiellement mauvais.

    Là, je suis sceptique. Sceptique également quand il affirme qu’il n’existe pas de nourritures addictives qui seraient une autre explication, pourtant, à la multiplication du nombre d’obèses. Il estime que contrairement aux drogues, il n’y a pas avec l'alimentation d’addiction à un produit mais à un comportement. On mange trop sucré, trop gras, car c'est un moyen puissant pour calmer nos émotions, celles-là-mêmes qui sont à l'origine de nos excès.

    Pas de nourritures addictives ? J’ai de gros doutes. Pourquoi dans ce cas rajoute-t-on par exemple du sucre partout, y compris là on n’aurait jamais imaginé qu’il pouvait y en avoir (plats préparés salés, charcuterie…) ? Si le sucre n’est pas addictif, je ne vois pas l’intérêt de l’utiliser quand il n’est pas nécessaire, surtout à l’insu (le plus souvent) des consommateurs. Par contre, s’il est addictif, s’il conduit à manger davantage d’un aliment, alors on comprend la stratégie de l’agro-alimentaire dont le but est quand même de faire acheter toujours plus…

    Pourquoi mes propres desserts n’entraînent-ils chez moi pas de compulsions alors que les biscuits ou gâteaux industriels en entraînaient ? Pourquoi quand on plonge une cuillère dans un pot de Nutella a-t-on tendance à le vider ?

    Le docteur Apfeldorfer ne répond pas à ces questions. Selon lui, je le rappelle, l’orthorexie est un trouble qu’il convient de combattre.

    Je ne vois pas à quel titre on devrait opposer sa réflexion sur le surpoids et l’obésité à l’orthorexie. Ne serait-il pas possible de se dire à la fois que les minces sont certes ceux qui ont compris (ou dont le cerveau a compris) qu’ils ne vont pas être confrontés sous peu à une pénurie alimentaire, mais aussi ceux qui ont fait le choix de manger différemment (et certainement mieux qu’avec la nourriture industrielle) ? 

    Sans compter, bien sûr, que les minces sont souvent ceux, il faut l’avouer, qui ont génétiquement de la chance !

     

     

     


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    J’ai longtemps cru détester les légumineuses. Ma mère ne les aimait pas, et n’en faisait jamais. Les rares fois où on en mangeait (des pois chiches dans le couscous, des lentilles en salade), c’était des légumes secs en boîte, qui sont particulièrement mauvais (les pois chiches baignent dans une sorte de saumure, la peau est dure et l’intérieur farineux).

    C’est le jour où je me suis mise à les cuisiner moi-même (justement au début pour préparer un couscous) que j’ai découvert que j’adorais ça. À condition de les acheter secs (et en vrac, bien sûr !), de les préparer moi-même en les faisant tremper d’abord, puis cuire. Je ne les ai pas tous testés, peut-être une certaine réticence liée à cette histoire familiale culinaire. Mais j’utilise des haricots rouges pour la farce végétarienne, également des haricots rouges et des blancs pour la soupe au pistou, et je me régale d’une bonne salade de pois chiches, avec une vinaigrette bien relevée, beaucoup d’oignon cru et un peu de carottes râpées.

    Pour les lentilles, j’ai eu du mal à franchir le pas, tant la consistance gluante et farineuse des salades de ma mère me restait en mémoire. Je n’ai toujours pas recommencé à consommer des vertes (mais j’ai l’intention de m’y mettre)… par contre, j’ai découvert avec bonheur les lentilles corail.

    En fait, j’en avais acheté un petit peu à l’époque où j’avais décidé de faire germer des graines. Mais je ne suis pas trop douée pour ça apparemment, et mon expérience s’est arrêtée avec l’alfalfa.

    Je me suis donc retrouvée avec mes lentilles corail dans un placard, et un jour, j’ai voulu tenter de les cuisiner. L’avantage aujourd’hui est qu’internet nous fournit une quantité incroyable de recettes, et qu’on peut tout tester. J’ai opté pour un curry de lentilles corail… et j’ai adoré ça !

     

    Ingrédients :

     

    — Environ 300 grammes de lentilles corail (elles ne nécessitent pas de trempage, mais pour ma part, je préfère quand même bien les rincer en mettant un peu de bicarbonate dans la première eau).

    — 1 bel oignon

    — 3 ou 4 gousses d’ail

    — 1 tomate ou une cuillère à soupe de concentré de tomate.

    — 1 poivron

    — 1 ou deux petits piments

    — huile d’olive

    — curry, curcuma en poudre, sel, poivre

     

    Réalisation :

     

    — Faire revenir dans l’huile d’olive l’oignon émincé, l’ail écrasé, le poivron et le ou les piment(s) coupés en petits morceaux.

    — Rajouter la tomate épépinée ou le concentré.

    — Un quart d’heure avant le repas, mettre les lentilles corail, et couvrir d’eau froide à peu près à hauteur.

    — Porter à ébullition, et poursuivre la cuisson juste à frémissement. Attention, cela va assez vite : si on veut conserver l’aspect « lentilles », il ne faut pas faire cuire trop longtemps (10 minutes à un quart d'heure). Sinon, on obtient une purée (qui est cependant tout aussi délicieuse).

    — Rajouter le sel, le poivre, une bonne cuillère à café (ou deux) de curry, un peu de poudre de curcuma.

    On peut servir avec du riz pour un plat complet, ou pour les non-végétariens, une saucisse par exemple.

     

    Les légumineuses sont une très bonne alternative à la viande tout en étant bien moins chères. Elles fournissent des protéines, surtout si on les associe à des céréales. Leur culture est facile, nécessite peu d’eau.

    En consommer est donc en plus excellent pour notre planète !

     

     

     

     


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    Aujourd’hui, gros coup de gueule de l’orthorexique. Car franchement, j’en ai ras le bol !

    Comme pas mal de monde j’imagine, j’ai vu hier soir l’émission Cash Impact sur France 2. Pour être plus exacte, j’en ai vu seulement une vingtaine de minutes, parce qu’au fond, je savais ce qui allait être dit, parce que j’ai été dégoûtée très vite et que ce que j’ai entendu m’a rendue furieuse (ce qui n’est jamais bon avant d’aller se coucher). L’émission était donc consacrée à l’usage des pesticides dans les vignobles, principalement dans le Bordelais. Alors oui, ras le bol !

     

    — Ras le bol de voir que deux ans après une première émission qui pointait déjà l’emploi massif de pesticides dans les vignes de la région de Bordeaux, après une marche blanche des habitants légitimement affolés, après les promesses de la part de viticulteurs de se montrer plus vertueux… rien n’ait changé !

    — Ras le bol qu’on continue les épandages à quelques mètres d’écoles cernées par les vignes. Le seul effort dérisoire qui est consenti : pas d’épandages pendant les récréations, ni vingt minutes avant, ni vingt minutes après. Car je suppose qu’en une heure, tous les produits toxiques ont disparu de l’atmosphère comme par enchantement et que les enfants ne risquent donc plus rien !

    — Ras le bol de découvrir que pour le nettoyage des épandeurs, les ouvriers enfilent des combinaisons dignes de celles utilisées dans les centrales nucléaires, alors que le malheureux habitant du coin est pleinement exposé !

    — Ras le bol d’apprendre qu’à l’intérieur des écoles ou des maisons de la zone, on trouve des traces de pesticides, y compris un qui est interdit en France et en Europe depuis 13 ans, et un autre qui est interdit pour sa part depuis 10 ans !

    — Ras le bol que les viticulteurs se défilent et refusent de participer à l’émission sous des prétextes fallacieux, alors que la seule vérité, c’est qu’ils savent parfaitement ce qu’ils font et qu’ils n’ont aucune envie que ça change, ni de rendre des comptes !

    — Ras le bol que devant cet état de fait, le seul responsable parmi les viticulteurs qui ait eu le courage de répondre aux journalistes ait affirmé qu’il était inadmissible qu’on emploie des produits interdits, qu’on allait enquêter, qu’on se porterait partie civile contre ceux qui avaient utilisés lesdits pesticides… alors que bien sûr, il ne se passera rien !

    — Ras le bol qu’on soit capable en quelques semaines d’imposer une baisse de 10 kilomètres/heure de la vitesse sur les routes, qu’on soit capable de contrôler l’application de cette mesure (grâce aux radars, bien sûr), et qu’on ne soit pas fichu de faire respecter une interdiction qui est prise depuis des lustres !

    — Ras le bol que le premier ministre soit venu nous dire vertueusement que si la mesure d’abaissement de la vitesse sauvait ne serait-ce qu’une vie par an, ce serait une bonne mesure… alors qu’on ne fait rien pour ces épandages de produits illicites qui tuent et tueront bien plus d’une personne par an, ce que tout le monde sait parfaitement !

    Et au nom de quoi ? Je ne vois que le profit…

    — Alors, ras le bol de cette société qui privilégie l’argent au détriment de la santé de tous dans la plus totale indifférence, voire le plus total mépris ! De cette société qui fait passer l’économique avant l’humain ! Mais pas grave, pourvu que les viticulteurs gagnent bien leur vie et contribuent à la richesse de la région ; pas grave, pourvu que ceux qui produisent tous ces poisons soient milliardaires et versent des dividendes aux actionnaires ! Je sais qu’il y a des intérêts économiques derrière tout ça et qu’il faut qu’un pays tourne, je sais qu’il y a des emplois à la clé, il n’empêche que ça me rend folle de rage.

    — Ras le bol que la ministre de la santé ait pu, en quelques semaines là aussi, imposer 11 vaccins obligatoires aux enfants (vaccins controversés par beaucoup, y compris d’éminents médecins), et qu’on ne l’entende pas sur le scandale des pesticides ! Car dans ce domaine, ce ne serait pas la santé des gens qui serait en jeu ? Ce ne serait pas son job de s’en préoccuper au moins un peu ?

    — Ras le bol que le ministre de l’écologie n’ait pas voulu répondre dans l’émission d’hier soir. A-t-il craint qu’on ne l’interroge sur son recul concernant l’interdiction du glyphosate ? Car quand ce poison sera-t-il complètement proscrit ? Trois ans ? Cinq ans ? Je suis convaincue que dans dix ans, on n’en sera pas débarrassés ! Parce que bien sûr, que des multinationales continuent à prospérer, c’est autrement plus important que la santé des citoyens qui attrapent de plus en plus, de plus en plus jeunes, des maladies de plus en plus graves !

    — Ras le bol de cette société où on nous encourage à consommer toujours davantage, tout et n’importe quoi ! Ras le bol qu’on nous fasse acheter des trucs inutiles, manger des saletés, et que les gens acceptent d’entrer dans ce système ! Il n’y a qu’à voir les caddies des supermarchés au moment du passage en caisse ! Après tout, pourquoi les empoisonneurs patentés se gêneraient-ils puisque la plupart des individus, eux, ne sont pas gênés ?

     

    Alors non, je n’ai pas la solution ! Non, si j’étais aux responsabilités, je ne saurais pas ce qu’il faut faire (du moins rien qui soit réalisable dans l’immédiat). Mais justement, je ne suis pas aux responsabilités et j’aimerais bien que ceux qui y sont, qui profitent largement de tous les avantages de leurs fonctions, se bougent un peu ! Je voudrais qu’on interdise toutes ces cochonneries de pesticides. Bien sûr, je sais qu’il y a tellement d’intérêts imbriqués que ça ne peut se faire du jour au lendemain. Mais je suis persuadée que même à moyen terme on n’agira pas, et qu’au contraire, on ira toujours plus loin dans cette fuite en avant. À part prendre quelques décisions à grand spectacle et probablement inutiles, rajouter quelques taxes pour se donner bonne conscience (et accessoirement faire entrer de l’argent dans les caisses), il ne se passera strictement rien.

     

    Je dis que je n’ai pas de solution ? En fait si, j’en ai une. Disons une partielle. Et qui ne se situe qu’à mon petit niveau. J’ai le choix en effet de refuser d’entrer dans ce système autant que faire se peut, et de consommer moins, beaucoup moins. Là, après cette émission, plus question d’acheter du vin de Bordeaux (apparemment la région la plus touchée). De toute manière, du vin, on n’en boit quasiment pas. On prendra du bio local, voilà tout. Parce que même dans la région bordelaise, autour des parcelles de vignes cultivées en bio, on a quand même relevé moins de traces de pesticides. Alors le bio n’est pas parfait, certes, mais c’est « moins pire ».

     

    Si je consomme moins, et dans pas mal de domaines (moins de nourriture, moins de vêtements, moins de gadgets high-tech, moins de tout), je suppose que je vais être considérée comme une mauvaise citoyenne qui ne contribue pas à la richesse de son pays. Mais ça tombe bien, je m’en fiche. Et par ailleurs, en payant mes impôts divers et variés, directs et indirects, je crois participer largement à l’économie de la France.

    Et puis, je préfère mon bien-être à une consommation effrénée, parce qu’à mon âge (il était temps !), j’ai réalisé que mon bonheur ne résidait pas dans le toujours plus. Il est ailleurs : dans ma vie avec mon mari, mes valeurs, ma santé.

    Encore que pour ma santé (comme pour celle de la plupart des gens), on puisse se demander s’il n’est pas déjà trop tard.

     

     

    Alors oui, RAS LE BOL !!!

     

     

    (Dire tout ça ne sert à rien, n’aura pas la moindre incidence sur quoi que ce soit, j’en suis consciente… mais ça fait quand même du bien !)

     

     


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    L’orthorexie ayant été classée dans les TCA (troubles du comportement alimentaire), presque au même titre que la boulimie, l’hyperphagie, l’anorexie, qui toutes entraînent des problèmes de poids même s’ils sont très différents d’une pathologie à l’autre, on peut légitimement se poser la question de savoir si les orthorexiques rencontrent les mêmes difficultés.

    Comme rien n’est jamais vraiment simple… il me semble que c’est à la fois oui et non.

     

    — Tout d’abord on peut dire que oui, les orthorexiques ont aussi des problèmes de poids. Qu’ils puissent se retrouver en surpoids ou obèses me paraît une évidence. L’orthorexique ne se prive aucunement en quantité, c’est la qualité des aliments qui est en jeu (je simplifie pour les besoins de cet article, car c’est plus compliqué que ça, bien sûr).

    Si un ou une orthorexique prend un repas composé mettons d’une omelette de quatre œufs (y compris si tout ça vient d’un petit élevage local où les poules ont été élevées en plein air et nourries en bio), d’un gratin de pommes de terre également bio, et termine par un gâteau entier même s’il a été réalisé sans gluten, sans lactose, sans additifs, et uniquement avec des ingrédients sains, je ne vois pas comment il ou elle ne prendra pas de kilos. Manger bien ne veut pas dire manger peu.

    On peut se nourrir avec les meilleurs produits du monde (si tant est que les meilleurs produits du monde existent), on grossira toujours si on les consomme en excès, à moins d’être un sportif de haut niveau qui brûle une énorme quantité de calories tous les jours. Rien ne permettra jamais de sortir du fait qu’on ne peut avoir un poids stable qu’en absorbant chaque jour autant de calories qu’on en dépense… et non deux ou trois fois plus !

    D’ailleurs, je ne vois pas ce qui empêcherait un(e) orthorexique d’être hyperphagique, il n’y a rien d’incompatible entre les deux. Il n’y a qu’à parcourir les forums de régimes pour s’en convaincre. Si certaines (j’écris au féminin car les femmes semblent plus touchées, ou du moins s’expriment beaucoup plus sur ce sujet) sont clairement adeptes de la malbouffe, d’autres sont visiblement très pointilleuses sur leur alimentation… ce qui n’empêche ni leur surpoids, ni leurs crises de compulsion.

    J’avais noté d’ailleurs dans mon article sur Linecoaching la tendance de certaines, qui font ce programme pour perdre des kilos, à surveiller la qualité de leur nourriture à la façon des orthorexiques (cette tendance étant d’ailleurs combattue par les deux médecins du site qui semblent penser qu’elle empêche un rapport normal avec l’acte de manger).

    Aux USA, un professeur de nutrition, Mark Haub, a perdu 12 kilos en n’avalant pendant deux mois et demi que de la malbouffe… mais en quantité contrôlée. C’est donc la somme des calories que l’on ingère qui fait grossir, et non la qualité des aliments. (Par contre, c’était juste une expérience, je doute que cet Américain ait continué ainsi pour des raisons évidentes de santé.)

     

    — En même temps, il me semble que l’orthorexie peut contribuer à ce qu’on ait moins de problèmes de poids.

    La première raison, c’est que j’ai la conviction que certains produits industriels créent une dépendance (et je pense que c’est même fait volontairement, pour des questions de profit). On peut m’affirmer le contraire, me dire que ça n’a jamais été formellement démontré, que ça relève d’une théorie du complot, cette certitude, que je ne suis pas la seule à partager, est liée à ma propre expérience.

    Ainsi, je ne finis pas un repas sans dessert (gâteau, biscuits). Presque toujours, dans mettons 95% des cas, ce dessert a été confectionné par moi, et j’en mange une petite quantité pour me faire plaisir. Les rares fois où je termine par une pâtisserie industrielle (ce qui se produit principalement si je ne suis pas chez moi), je me rends bien compte qu’il me serait plus difficile de m’arrêter si je ne faisais pas attention. Question peut-être de sucres rajoutés, de consistance addictive, je ne sais pas au juste, mais je l’ai clairement constaté.

    La seconde raison, selon moi, c’est que lorsqu’on est orthorexique, on a évidemment tendance (et c’est même la définition) à être très attentif à ce qu’on absorbe. Être soucieux de la qualité de ses aliments signifie être soucieux de sa santé, de son bien-être, et on n’éprouve pas de bien-être si on se « goinfre »… On risque d’être au contraire lourd, fatigué parfois, voire même déprimé, avec d’éventuels problèmes digestifs. Donc, il me semble qu’on sera beaucoup plus tenté de respecter les signaux de son corps et de ne pas manger en excès pour ne pas anéantir tous les efforts que l’on fait par ailleurs.

    Personnellement, je ne concocte pas mes menus en me posant mille questions, je n’écume pas les magasins bio, je ne lis pas une multitude d’articles sur la nutrition si c’est pour me sentir mal après les repas. Donc oui, si ma préoccupation première est de manger sainement, je préfère également me modérer. J’ai besoin d’être en bonne intelligence avec mon alimentation… et je le suis si je ne me prive de rien mais en juste quantité.

    Donc, de ce point de vue-là, je suppose que la minceur peut être associée à l’orthorexie.

     

    De toute manière, ces questions de poids sont tellement complexes qu’on ne peut poser une équation simple qui serait : orthorexie = minceur, malbouffe = surpoids. Ça se saurait si les gens qui mangent « bien » étaient tous minces… et ils ne le sont évidemment pas !

     

    Pour mon expérience personnelle, je peux simplement dire qu’adopter la meilleure nourriture possible m’a libérée des troubles du comportement alimentaire. Je ne l’explique pas de façon rationnelle (même si j’ai quelques hypothèses), je le constate. On pourra bien sûr me rétorquer qu’il n’y a pas de lien entre les deux, que c’est un hasard… ça me paraît quand même douteux.

    Depuis que je suis débarrassée des TCA, j’ai une tendance un peu maigrichonne même si je ne me prive jamais. L’orthorexie serait-elle synonyme pour certains comme moi de poids bas ? Mais en même temps, je suis sans doute plutôt revenue à ma morphologie génétique : les femmes de ma famille étaient très minces, il aurait donc été relativement surprenant que j’aie des kilos en trop en me mettant à manger exactement ce dont j’ai envie, quand j’en ai envie, dans la quantité adéquate.

    L’orthorexie m’a redonné d’une certaine manière un rapport simple à la nourriture par rapport au poids. Me mettre à table est désormais un plaisir, non plus une angoisse. Même si une forme d’angoisse est quand même bien là. Mais elle s’est déplacée, elle réside dans le choix des aliments, dans leur association, dans leur cuisson, ce qui est bien moins pénible que celle que l’on éprouve quand on est au régime ! Et être délivrée de la peur de grossir, de la nécessité de maigrir, quelle renaissance ça a été !

     

     

     


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