• L'orthorexique et Linecoaching : réflexions sur le surpoids et l'obésité

     

     

    J’ai déjà parlé de la méthode Linecoaching, inutile donc de rappeler les principes sur lesquels elle est fondée.

    J’ai dit que ce programme me paraissait vraiment intéressant, et probablement adapté à la fois pour lutter contre les TCA et pour perdre du poids. En tout cas davantage que les régimes stricts, impossibles à tenir sur le long terme, et dont il semble à peu près prouvé qu’ils sont inefficaces. Tous les régimes marchent dans un premier temps, c’est certain. Mais des études auraient montré que plus de 80% des gens ont repris le poids perdu trois ans après la fin d’un "rééquilibrage alimentaire" (selon une terminologie actuelle qui se veut sans doute moins effrayante), voire en ont repris davantage. Donc, pourquoi ne pas se tourner vers un procédé radicalement différent ? Là, on change incontestablement de perspective. On ne se contente pas d’apprendre à limiter ses prises alimentaires (parce que c’est quand même le but), on s’interroge sur les raisons pour lesquelles on mange trop, et on essaie de trouver des stratégies pour y remédier.

    Mais il y a autre chose en relation avec Linecoaching qui me convainc encore plus. Il s’agit de la réflexion qui est menée principalement, me semble-t-il, par le docteur Apfeldorfer. Celui-ci essaie en effet d’expliquer « l’épidémie » de surpoids et d’obésité qui semble affliger le monde contemporain, depuis disons la fin de la seconde guerre mondiale.

     

    Pour lui, dans les pays occidentaux (ou ceux en voie de développement, qui adoptent nos modes de vie), nous connaissons une conjoncture inédite dans l’histoire de l’humanité.

    Depuis son origine, l’homme a dû faire face à des périodes de disette, ou même de famine. Donc, dès qu’il avait de la nourriture à disposition, voire dès qu’il y avait une période faste de ce point de vue, il s’alimentait en quantité, en prévision des jours « maigres ». Pour dire les choses simplement, on mangeait beaucoup car on ne savait pas quand on mangerait de nouveau. Et les stocks que faisaient les organismes permettaient de survivre (parfois) aux disettes.

    Or, situation totalement nouvelle dans l’histoire de l’évolution : dans les pays dits développés ou en voie de développement, c’est désormais l’abondance qui est la règle. Disons au moins l’abondance en quantité (si ce n’est en qualité).

    Bien sûr, je généralise à outrance, car même dans nos contrées, il y a des gens qui ne mangent pas toujours à leur faim, mais c’est devenu très rare. À ma connaissance, sauf cas de figure extrême, on ne meurt plus de faim en France et dans les pays du même type. On est au contraire confronté à une profusion d’aliments… il n’y a qu’à voir les supermarchés et l’offre pléthorique qu’ils proposent.

    Cela fait environ un siècle (pour arrondir) que cet état de fait s’est installé… contre des millénaires à avoir alterné les phases de dénuement et les phases plus clémentes.

    L’homme occidental n’aurait donc pas eu le temps d’assimiler ces nouvelles données. Son cerveau fonctionnerait toujours comme il l’a fait depuis la nuit des temps (je mange beaucoup en prévision du moment où je n’aurai plus rien)… sauf que désormais, il n’y a plus de pénurie alimentaire. Outrepasser ses besoins et stocker comme si on allait manquer, alors qu’on ne manquera pas, conduiraient au surpoids. C’est là qu’on rejoint le programme de Linecoaching : on n’a pas besoin d’entasser la nourriture chez soi, on n’a pas besoin de se suralimenter, puisqu’on pourra toujours acheter et consommer quand on le voudra.

    Ajoutons naturellement que nous avons beaucoup moins d’activité physique qu’autrefois (du fait des moyens de transports actuels, des professions sédentaires), une nourriture très riche… et voilà comment on peut expliquer l’explosion des cas d’obésité.

    Ce discours est logique, séduisant intellectuellement, à tel point qu’il est probablement vrai. Il me semble qu’il est moins simpliste que celui qui consiste seulement à évoquer une épidémie de manque de volonté qu’il faudrait combattre à grands coups de régimes plus ou moins fantaisistes.

    Cela étant, de même que dans mon premier article sur le sujet, j’apporte quelques réserves à ces réflexions. Pour le docteur Apferldorfer, je le rappelle, toute la nourriture actuelle est dans l’ensemble bonne, et notre corps sait de toute façon tolérer (en quantité modérée) certains apports potentiellement mauvais.

    Là, je suis sceptique. Sceptique également quand il affirme qu’il n’existe pas de nourritures addictives qui seraient une autre explication, pourtant, à la multiplication du nombre d’obèses. Il estime que contrairement aux drogues, il n’y a pas avec l'alimentation d’addiction à un produit mais à un comportement. On mange trop sucré, trop gras, car c'est un moyen puissant pour calmer nos émotions, celles-là-mêmes qui sont à l'origine de nos excès.

    Pas de nourritures addictives ? J’ai de gros doutes. Pourquoi dans ce cas rajoute-t-on par exemple du sucre partout, y compris là on n’aurait jamais imaginé qu’il pouvait y en avoir (plats préparés salés, charcuterie…) ? Si le sucre n’est pas addictif, je ne vois pas l’intérêt de l’utiliser quand il n’est pas nécessaire, surtout à l’insu (le plus souvent) des consommateurs. Par contre, s’il est addictif, s’il conduit à manger davantage d’un aliment, alors on comprend la stratégie de l’agro-alimentaire dont le but est quand même de faire acheter toujours plus…

    Pourquoi mes propres desserts n’entraînent-ils chez moi pas de compulsions alors que les biscuits ou gâteaux industriels en entraînaient ? Pourquoi quand on plonge une cuillère dans un pot de Nutella a-t-on tendance à le vider ?

    Le docteur Apfeldorfer ne répond pas à ces questions. Selon lui, je le rappelle, l’orthorexie est un trouble qu’il convient de combattre.

    Je ne vois pas à quel titre on devrait opposer sa réflexion sur le surpoids et l’obésité à l’orthorexie. Ne serait-il pas possible de se dire à la fois que les minces sont certes ceux qui ont compris (ou dont le cerveau a compris) qu’ils ne vont pas être confrontés sous peu à une pénurie alimentaire, mais aussi ceux qui ont fait le choix de manger différemment (et certainement mieux qu’avec la nourriture industrielle) ? 

    Sans compter, bien sûr, que les minces sont souvent ceux, il faut l’avouer, qui ont génétiquement de la chance !

     

     

     


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