• Manger des fruits et légumes hors saison

     

     

     

    J’ai déjà développé cette idée, mais être orthorexique, ça complique souvent la vie quand ça ne la rend pas carrément angoissante. D’abord parce que presque quotidiennement, on découvre qu’on a des pratiques qui semblaient saines alors qu’elles ne le sont pas tant que ça (citons par exemple l’huile de colza qui peut être produite avec des solvants, le bio qui ne le sera jamais totalement…)

    Mais autre source d’anxiété, l’orthorexique ne parvient pas toujours à se mettre en conformité avec ses propres valeurs. Personnellement, c’est mon cas dans certaines occasions.

     

    Globalement, on peut dire que je suis assez au clair avec ma façon de consommer, de m’alimenter. « Assez » seulement ! Parce que parfois, j’ai quand même des états d’âme.

    J’ai beaucoup réfléchi à ma manière de me nourrir, à ma santé (et à celle de mon mari !), et cela m’a conduite donc à manger sans gluten, le plus souvent sans produits laitiers d’origine animale, des aliments le moins transformés possible. Je crois que j’ai dans l’ensemble une conscience écologique (je trie mes déchets, j’essaie d’économiser l’énergie, l’eau, d’éviter les pièges de notre société qui nous pousse à dépenser toujours plus en biens inutiles). Évidemment, il y a plein de choses pour lesquelles je n’ai pas franchi le pas, soit parce que mes moyens ne me le permettent pas (avoir une maison à énergie passive ou positive), soit parce que mes conditions de vie ne sont pas adaptées à certains changements, comme faire du compost, mais disons que j’ai bien progressé.

    Je parle de « conscience écologique » parce que je ne me reconnais absolument pas dans l’écologie politique. Les quelques écologistes qui ont pu être aux responsabilités par le passé ne paraissent pas avoir contribué à faire avancer significativement les choses dans ce domaine, ceux qui semblaient les plus sincères ne sont pas allés très loin dans leur « carrière » (mais devrait-on faire carrière dans l’écologie ?) Et pour les deux dernières personnes en charge de ce ministère… comment dire ? Je ne suis pas vraiment convaincue, c’est le moins qu’on puisse dire. L’actuel titulaire de la fonction pourrait même sembler pitoyable dans ses renoncements successifs… cela étant, il y a bien d’autres personnes davantage dignes de pitié que lui et du coup, je le plaindrai quand j’aurai un moment.

     

    Sauf que si j’avais une vraie conscience écologique, si j’étais une vraie orthorexique en règle avec elle-même… je ne mangerais pas de fruits et légumes hors saison ! Pourtant, je l’avoue à ma grande honte, je le fais.

    L’été, je ne cherche bien sûr pas les fruits et légumes d’hiver, parce que l’offre est abondante, variée et délicieuse (quoique, certains étés, je ne me sois pas privée d’une pomme quotidienne, même si j’ai partiellement perdu cette habitude).

    Le reste du temps, c’est plus difficile. Dans mon cas, ce sont surtout les légumes qui sont concernés. Les mois d’hiver ne sont naturellement pas ceux où on trouve en France tomates (plein été), courgettes (que l’on récolte en juin, juillet, août, septembre), aubergines (juillet, août, septembre, octobre), poivrons (été également)…

    Or, les courgettes notamment, j’ai beaucoup de mal à m’en passer. J’en utilise souvent (j’adore entre autres le couscous, mais également le poisson au four avec un mélange d’oignons, de courgettes donc, quelques rondelles de tomates, et plein d’huile d’olive). Je raffole aussi des aubergines en gratin avec des tomates et du parmesan, ou farcies avec du brocciu, du poisson à la provençale avec poivron, olives, tomates.

    Pour ces dernières, le cas est un peu particulier, car pour pas mal de recettes, on peut utiliser celles en boîte ou du coulis. Mais je reconnais qu’il m’arrive d’en acheter aussi des fraîches quand je désire faire certains plats.

    Je m’en veux bien sûr, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, ces légumes sont moins bons que quand ils sont consommés en pleine saison (encore que je n’aie jamais vu de grosse différence pour le goût des courgettes, par exemple).

    Ensuite, ils viennent inévitablement de l’étranger, fréquemment du sud de l’Espagne. Et même quand ils sont bio, on peut toujours se poser la question de savoir si les contrôles sont aussi stricts que chez nous (cela étant, sont-ils en France si stricts que cela ?) J’avais vu une émission plutôt affolante sur la culture des tomates en Espagne. Certes, on n’avait pas parlé du bio, mais concernant l’utilisation de produits chimiques, c’était alarmant. Donc, lorsque je consomme quand même des légumes de ce type, j’ai bien sûr mauvaise conscience, mais je suis également inquiète de la qualité de ce que j’absorbe et donc des conséquences possibles sur notre santé.

    Et puis, quand ça vient de loin, il y a la conservation en réfrigérateur, et bien sûr le transport. Ce qui signifie camions, donc essence, donc gaz à effet de serre, c’est mauvais pour l’environnement et pour la planète. Et quand je mange ainsi, je suis une mauvaise citoyenne parce que je fais travailler des producteurs étrangers souvent moins payés que les nôtres, etc.

    Bref, c’est le stress maximum !

    Mais je le fais quand même. Pourquoi ?

     

    Parce que j’aime ces produits et que j’ai du mal à m’en priver plusieurs mois d’affilée. Parce que l’être humain n’est pas fait d’un seul bloc et qu’on a tous nos paradoxes. Parce que nul n’est parfait. Parce que je mange quand même mieux que la plupart des gens… Parce que quand on achète, y compris dans des magasins bio, des ananas, des papayes, des bananes (presque systématiquement produits fort loin de la France métropolitaine), on ne se pose pas toutes ces questions.

    Et surtout… parce qu’on se trouve toujours des excuses pour ses travers honteux.

    Et ma pire turpitude alimentaire ? C’est le raisin, une fois qu’il n'y en a plus du français. Une partie de l’année, quelques minutes avant d’aller me coucher, j’en déguste une petite grappe qui, horreur des horreurs, hors saison, vient d’Afrique du Sud ou du Chili !

    J’ai tort, je le sais. Mais de le savoir n’y change rien, malheureusement. Disons pour le moment. Je ne désespère pas, et je me dis souvent que je vais faire des efforts, devenir une vraie locavore (ce qui me paraît le pendant logique de l’orthorexie). Mais en toute honnêteté, pour le moment, c’est un peu mal parti.

    Donc, en consommant fruits et légumes en dehors de leur période de récolte chez nous, d’un certain côté je me fais plaisir, mais ce plaisir est entaché de culpabilité. La culpabilité pour une raison ou une autre est quand même une constante de l’orthorexie ! On culpabilise de ne pas arriver à avoir une nourriture complètement pure malgré ses efforts, et on culpabilise quand on sort clairement du droit chemin.

     

    Je l’ai dit à plusieurs reprises mais je le répète : la vie d’une orthorexique engendre beaucoup de satisfactions, mais elle n’est pas toujours de tout repos !!!

     

    (Enfin, on me dira qu'il y a des problèmes plus graves...)

     

     

     

     

     

     


    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :