• Réflexions de l'orthorexique : la satisfaction alimentaire

     

     

     

    C’est tardivement que j’ai découvert la satisfaction alimentaire, le fait de s'installer à table avec un vrai plaisir et une bonne faim, en se disant qu’on va se régaler dans une ambiance détendue. Cela remonte à environ trois ans… quand je me suis mise à cuisiner, tout simplement.

    Pour parler un peu de mon passé dans ce domaine, j’ai été élevée par des parents pour qui apparemment, l’acte de manger et ce que l’on mangeait étaient peu importants. En fait, je me rends compte que je ne sais pas trop ce qu’ils pensaient à ce sujet. Ce qui est sûr c’est que selon mes souvenirs, les repas n’étaient pas franchement des moments agréables.

    Déjà, pendant des années, on a déjeuné et dîné avec la radio allumée, et il ne fallait pas parler. À midi, mon père écoutait une émission de jeu, et le soir, une émission d’actualité. Or prendre un repas en silence ne donne pas vraiment envie de le prolonger plus que nécessaire.

    Et puis, on était loin d’avoir une nourriture plaisir. Ma mère détestait cuisiner et s’en tenait vraiment au « minimum syndical ». Pour être tout à fait honnête, je ne me rappelle pas ce que contenaient nos assiettes. Il me semble de la viande (avant que je ne devienne végétarienne), mais des steaks, escalopes, côtelettes juste grillés. La viande n’était pas accommodée, peut-être un pot-au-feu, un couscous, mais vraiment très occasionnellement. Et puis du poisson pané, des salades composées, des quiches (faites avec une pâte brisée qu’on déroule), du jambon et du fromage le soir, ainsi que du potage de légumes en hiver. Quand les plats préparés surgelés ont commencé à se généraliser dans les supermarchés, on en a pas mal consommé. Notamment des crêpes salées fourrées par exemple aux champignons. Ça, ce devait être assez fréquent, car je n’ai pas oublié.

    En dessert, je crois que c’étaient fruits ou yaourts, peut-être des mousses au chocolat toutes prêtes, ou des choses de ce genre. Pareil, je n’ai quasiment aucun souvenir de gâteaux, ma mère n’en confectionnait pratiquement jamais. Elle avait bien une recette avec des dattes et des noix, je l’adorais d’ailleurs, mais je ne m’en suis pas régalée très souvent, car ma mère la trouvait trop longue à réaliser. Les rares fois où il y avait des desserts faits maison… c’était mon œuvre ! À l’adolescence, pendant les vacances, je me revois préparer de la tarte au citron meringuée ou des crèmes caramel, par exemple.

    Mais globalement, le fait que je ne sache plus dire ce qui constituait les menus me paraît assez révélateur. Rien ne m’a marquée, or il me semble que si ça avait été excellent, je m’en souviendrais. On garde en mémoire les odeurs, les saveurs de notre jeunesse, nos madeleines de Proust. (Mon mari peut d’ailleurs, lui, encore parler des plats sa mère.)

    La religion de mes parents, c’était le restaurant. Il était soit une récompense (ils se faisaient plaisir le week-end), soit selon mon père, ça évitait du travail à ma mère. Je suppose donc que j’ai largement associé la cuisine à une perte de temps. La règle était celle-ci : à l’extérieur, c’est bon, à la maison, c’est le tout-venant. Mes parents appréciaient presque tous les restaurants qu’ils fréquentaient, alors qu’avec le recul, je me rends compte qu’on y mangeait pas mal de cochonneries (plats certainement surgelés, goûts standard). Mais bon, ils aimaient ça et ils en avaient les moyens, donc pourquoi pas ?

    Seulement, quand j’ai quitté le domicile familial, j’ai fait comme eux, bien sûr. Boîtes de conserves, plats tout prêts, repas préparés sur le pouce et mangés distraitement. S’attabler avec plaisir au fond, je ne connaissais pas. Passer du temps pour confectionner un bon plat qui allait régaler les convives et les papilles, je ne connaissais pas non plus. À l’instar de mes parents, j’aimais les restaurants, on se mettait les pieds sous la table, et c’étaient des goûts qu’on n’avait pas chez soi.

     

    Je me demande aujourd’hui si tout ça n’a pas fait que manger a longtemps été pour moi un problème. Dès l’adolescence, je n’ai plus eu un rapport normal avec la nourriture. Soit je me privais pendant de longues périodes, soit je mangeais en excès sans savoir m’arrêter. Et toujours des trucs tout faits, qui s’avalent très rapidement. Pour la bonne conscience, j’achetais parfois des légumes, mais les courgettes non cuisinées, ce n’est pas très exaltant ni approprié pour se réconcilier avec la satisfaction alimentaire !

     

    Je ne sais pas comment j’ai fait pour sortir de cette logique ! En fait si, je le sais. Quand je me suis crue, il y a trois ou quatre ans, intolérante au gluten et au lactose, quand j’ai découvert qu’on en rajoutait dans tout, je n’ai pas eu le choix : il a bien fallu que je me mette à cuisiner. Les boutons que j’avais sur les jambes me pourrissaient tellement la vie que pour m’en débarrasser, j’étais prête à changer complètement mes habitudes. Comme quoi, ces boutons ont été un facteur déclenchant et décisif : au bout du compte, même si j’ai failli en devenir dingue, les puces de lit m’ont rendu un fier service !

    Sauf que commencer à cuisiner n’a pas été facile, ce n’était pas pour moi un acte naturel. Par ailleurs, je dois faire partie des rares femmes qui ne tiennent pratiquement aucune recette de leur mère. En général, il y a une tradition culinaire dans les familles, des plats qui se transmettent de mère à fille. Il m’a donc fallu partir de zéro. Je reconnais que pour ça, internet m’a bien rendu service.

     

    Et… le miracle s’est produit ! Au début, par manque d’expérience, je n’ai rien fait de très compliqué, mais la différence de goût, je l’ai sentie tout de suite. Manger un cookie de supermarché ou un biscuit aux flocons d’avoine de ma fabrication, j’ai vite vu que ce n’était pas pareil ! C’était bien meilleur… et on en mangeait moins. Ce qui continue à me faire dire qu’il y a bien des nourritures addictives.

    Petit à petit, en fonction des ingrédients dont je disposais, j’ai cherché des idées… pour en arriver au bout du compte à cuisiner vraiment souvent et à quasiment tout faire moi-même. Ce ne sont pas forcément des choses compliquées ou chronophages, j’ai quelques recettes simples, rapides, même pour les desserts, mais on ne mange presque jamais du tout prêt. Une simple omelette de pommes de terre, un morceau de poisson avec de l’aïoli, sont pour nous des mets de choix !

     

    Maintenant, quand nous passons à table, c’est un vrai bonheur. On discute, on prend le temps d’apprécier, on déguste, le déjeuner et le dîner sont devenus des moments essentiels de nos vies. La nourriture n’est pas toujours extrêmement élaborée, mais elle n’est jamais médiocre. Les ingrédients sont sélectionnés avec soin, ça a du goût. On mange rarement en grosse quantité parce qu’on savoure tellement qu’on n’a pas besoin que ce soit abondant. Désormais, c’est la qualité que nous privilégions.

    Alors oui, pour moi qui n’avais vécu l’acte alimentaire au fond que comme une contrainte, c’est une révélation, un petit miracle. Comme la plupart des femmes, je suppose, je râle parfois quand j’ai l’impression de passer trop de temps à préparer un plat, quand il faut caser ça au milieu des activités de la journée… mais au moment où je m’assois pour le repas, la satisfaction est extrême et toute mon éventuelle mauvaise humeur s’envole.

    Manger me procure du plaisir, me réconforte, j’ai l’impression que ce sont des instants où je fais du bien à mon palais, à ma tête et à mon corps dans son ensemble.

     

     

    Alors oui, vive les puces de lit, vive le temps consacré à la cuisine ! Désormais, je ne me priverais pour rien au monde du bonheur de me nourrir, à tous les sens du terme. Je suis en paix et heureuse avec mon alimentation, et ça, ça n’a pas de prix !

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 12 Avril 2018 à 21:24

    dieu que tu as raison l alimentaire c 'est la santé

    et bien manger c 'est la garder

    et cuisiner c 'est un plaisir aussi

    j' ai appris a l école la cuisine cela m 'a bien été utile

    mais tu vois ce qui me plait avant tout avec l age c 'est de découvrir d autre cuisine

    d 'autre produit et manger autrement

    j 'ai des nouvelles saveurs tel que les épices que maman n utilisais pas

    voilà  la cuisine c 'est infinie et aussi permet de m évader et vider ma tete

    bisous mon amie

     

    j oubliais il ni a pas a avoir honte par ce que tu ne connais pas un mot

    moi aussi je ne sais pas tout lol bisous

     

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    2
    Vendredi 13 Avril 2018 à 08:43

    Coucou,

    Je n'avais pour ma part jamais appris à cuisiner, j'étais nulle, et ça ne m'intéressait pas. Et puis, je m'y suis mise il y a quelques années. Je ne peux pas dire que j'adore ça, à cause du temps que ça prend, mais comme j'adore manger, et manger de bonnes choses... J'aime bien découvrir de nouvelles recettes, de nouveaux goûts. 

    Et puis, avoir une bonne alimentation et des plats qu'on apprécie, il me semble que c'est se respecter, et respecter son corps. 

    Moi aussi j'aime bien utiliser des épices, j'adore le curcuma... et en plus, c'est très bon pour la santé.

    Bonne journée.

    Bises. 

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