• Être orthorexique, ça change quoi ?

     

     

    Cela fait un peu plus de trois ans que j’ai radicalement modifié ma façon de manger… et que je continue, d’ailleurs. Presque quotidiennement, je fais de nouvelles découvertes, je change encore d’anciennes habitudes. Je suis finalement une novice de l’orthorexie, d’autant que « j’arrive » quand même de loin ! Longtemps, mon alimentation s’est composée en majorité de plats préparés, les repas étaient réalisés et expédiés très vite. Mon souci de l’époque, c’étaient surtout les calories que j’absorbais, j’étais focalisée là-dessus mais la qualité des aliments, la manière de les préparer étaient plus que secondaires. À vrai dire, je n’y pensais quasiment jamais.

    Aujourd’hui, si j’essaie de faire un bilan, les transformations sont… vraiment ÉNORMES ! Il y a du positif, mais aussi du négatif, et je vais essayer d’examiner tout ça avec impartialité.

     

    — Commençons donc par le « mauvais » de l’orthorexie… parce qu’il y en a quand même ! Disons surtout des inconvénients.

    Je suis devenue une obsédée de la nourriture. J’y pense très souvent, quasiment tout le temps. Et je reconnais que ça finit parfois par devenir anxiogène.

    J’angoisse sur la qualité de ce que j’achète, je me pose en permanence des questions. Est-ce qu’il y aura au magasin tel légume bio dont j’ai besoin ? (Et quand il n’y est pas, je stresse par rapport à la recette que j’avais prévue. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir préparer à manger en remplacement ?) Si j’achète un paquet de biscuits même bio (parce que ça m’arrive quand même parfois), j’épluche l’étiquette. Il contient un ingrédient suspect ? Je repose. Il faut trouver autre chose… mais quoi ? Les courses sont devenues souvent un casse-tête.

    Sans compter que tous les jours, un article sur internet, une recherche personnelle, un sujet d’actualité, une émission m’informent que je n’avais pas encore pensé à tel ou tel truc.

    Hier soir, pour prendre l’exemple le plus récent, j’apprends par la télé que deux personnes sont mortes lors d’une explosion dans une usine chimique. Outre évidemment la tragédie humaine que ça représente (je ne veux pas avoir l’air insensible, mais je ne m’étends pas là-dessus, ce n’est pas mon propos), je découvre qu’on fabriquait sur ce site de l’huile de colza. L’huile de colza justement, j’en consomme souvent. Elle est pleine d’omégas-3, donc bonne pour la santé. Pour moi, elle était produite de façon naturelle et non dans des usines chimiques. Je m’interroge : s’agissait-il bien d’huile de colza alimentaire ? Et comment produit-on cette dernière, au fait ? Ce matin, je cherche sur internet et réalise que si on l’extrait effectivement par des méthodes naturelles dans les huileries traditionnelles, on utilise aussi dans d’autres cas (et le plus souvent apparemment)… des solvants. Or, j'achète beaucoup d’huile de colza et la traditionnelle est fort chère. Comment vais-je contourner ce problème ? Où trouver la juste information ? Ma chère huile de colza est-elle potentiellement toxique ? Par quoi faudra-t-il éventuellement la remplacer ?

    Donc, ces questions sur l’alimentation sont je le reconnais une source de stress, sans compter que je réfléchis beaucoup à mes menus (une grande partie de la journée, en fait). Je n’aime pas en effet préparer trop souvent la même chose, il me faut piocher dans une liste de recettes qui certes s’élargit, mais qui nécessite de posséder dans les placards pas mal d’ingrédients d’avance. Tout cela est quand même sacrément compliqué à gérer. Disons qu’être orthorexique ne me simplifie pas la vie, loin de là !

    Ajoutons à ça que je deviens très suspicieuse dans plein de domaines. Ainsi, je suis convaincue que l’industrie agro-alimentaire ne nous veut pas du bien, c’est le moins qu’on puisse dire. Elle veut produire beaucoup, pour pas cher, sans se soucier ni de l’environnement, ni de la santé des gens. Le but final étant évidemment toujours plus de profit. Je n’en suis pas à me dire qu’on cherche sciemment à nous empoisonner, mais je n’en suis quand même pas loin. Une vraie petite théoricienne du complot… même si tout ça ne me fait guère sourire.

    Outre l’industrie agro-alimentaire, je me méfie du monde médical. Pour moi, globalement, les médicaments sont mauvais. Je sais très bien que certains ont sauvé des millions de personnes… Oui mais ça, c’était avant. Qu’il y ait eu des « purs » parmi les médecins, j’en suis profondément persuadée. Des gens désintéressés, qui cherchaient vraiment le bien de leurs semblables. Aujourd’hui ? Le fric, encore et toujours.

    Les laboratoires pharmaceutiques, je n’en parle même pas. Il faut dire que l’ambiance actuelle n’est pas particulièrement rassurante, les scandales se multiplient, les doutes s’installent. J’essaie de me faire une idée personnelle, mais pas toujours facile, et pas simple de ne pas tomber dans la paranoïa. Dernière découverte personnelle en date : le cholestérol n’est peut-être pas mauvais pour la santé. Il ne faudrait pas le combattre à outrance, et encore moins par les statines. Depuis les années 50, toutes les études mettant en rapport cholestérol élevé et risque cardiovasculaire auraient été biaisées, voire falsifiées volontairement.

    Bref, énormément de questions un peu sur tout, et au final, beaucoup d’angoisses. Surtout que je n’ai fait là qu’un rapide tour d’horizon de toutes mes interrogations.

     

    — Et les avantages ? Sans hésitation, je réponds qu’ils sont tellement énormes qu’ils l’emportent largement dans la balance.

    Là encore, je ne vais pas me lancer dans quelque chose d’exhaustif, mais donner quelques exemples concrets qui me viennent à l’esprit.

    Depuis que je connais mon mari (près de vingt ans), je l’ai toujours vu souffrir du dos ou des hanches. Pour lui, c’était une fatalité, d’autant qu’il avait une hérédité familiale assez lourde. Parfois, il restait allongé une semaine sur un transat à ne quasiment plus pouvoir bouger. Marcher était devenu une épreuve, il avait vite besoin de se reposer et s’asseoir. À la plage, on ne s’éloignait guère de la voiture, etc.

    Les radios ayant depuis longtemps montré une importante coxarthrose, son médecin a décidé que le temps était venu de l’opérer de la hanche. Les anti-inflammatoires ne le soulageaient plus beaucoup, et c’était trop handicapant au quotidien.

    Ça a correspondu au moment où le lait de vache a disparu de notre alimentation (totalement pour moi, disons quasiment pour lui). J’ai parallèlement trouvé un complément alimentaire à base d’omégas-3 et de zinc. Et résultat : mon mari a annulé son rendez-vous avec le chirurgien. Désormais, il peut marcher des heures, y compris dans le sable, nager, plus de problèmes. L’arthrose n’a évidemment pas disparu, mais il n’en souffre plus, ce qui est l’essentiel.

    Pour moi… trente-cinq ans de sévères troubles du comportement alimentaire avec de multiples dérives de plus en plus graves et invalidantes. Depuis qu’on mange en mode « orthorexique » : c’est terminé. Je ne me soucie plus du tout des calories, je mange ce que j’aime, que je prépare, et tout va bien.

    Je pourrais multiplier les exemples ainsi : des maux d’estomac importants pour mon mari qui devait subir une fibroscopie, voir un spécialiste. Pendant un bon mois, j’ai mis à nos menus beaucoup de brocolis, de radis noir, de curcuma… Plus de maux d’estomac, plus de médicaments, la lettre pour le gastroentérologue est à la poubelle.

    Tout ça ne veut pas dire qu’on vivra mille ans ni même cent ans, certes ; mais clairement, dans pas mal de domaines, on va mieux l’un et l’autre. C'est tout à fait clair à la fois pour nous et pour notre entourage.

    Et je n’oublie pas quelque chose que je n’avais quasiment jamais connu : le plaisir de manger. Les repas sont devenus des moments essentiels de nos vies, on adore se mettre à table. Pour moi, c’est même un émerveillement car c’est nouveau ! Et je précise qu’on a tous les deux des poids extrêmement stables (dans une fourchette basse), et qu’il n’est pas question pour nous d'ingurgiter des légumes cuits à la vapeur. On aime la nourriture consistante, qui a du goût.

     

    Alors oui, être orthorexique me pourrit souvent la vie. Mais en même temps, j’y ai trouvé de tels bénéfices (et pas seulement d’ailleurs au niveau de l’alimentation) que je ne compte pas revenir un jour en arrière… même si, je le sais, "Never say never again".

     

     


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