• Cuisiner sans gluten

     

     

    Il y a encore quelques années, j’avais tout juste entendu parler du gluten. Rappelons qu’il s’agit d’une protéine des grains des céréales, principalement blé, seigle, orge. Le mot vient du latin et signifie « colle », « glu », ce qui n’est pas très rassurant. Je savais qu’il y avait une « mode » du « gluten free » mais je portais là-dessus un regard distrait, voire amusé, me disant que c’était une belle arnaque pour vendre des produits plus cher. D’ailleurs, autour de moi, personne n’avait fait le choix de manger de cette façon.

    J’y suis venue quasiment du jour au lendemain, après ces boutons qui pendant près d’un an, ont failli me rendre dingue. J’ai déjà raconté qu’étant tombée un jour à la télé sur le témoignage d’une femme qui avait vu ses démangeaisons disparaître en ayant supprimé le gluten, je me suis dit qu’au point où j’en étais, je n’avais rien à perdre si je tentais.

    J’ai donc arrêté (quasiment) de consommer ce qui en contenait : j’en attendais surtout un bénéfice immédiat, je ne me suis pas vraiment interrogée à l’époque sur ce sujet. Je m’étais contentée d’imprimer une liste (fort longue, je l’avoue) de ce que je ne devais plus consommer.

    C’est peu à peu que j’ai cherché davantage de renseignements. Je l’ai déjà dit et je le répète, je ne suis pas une scientifique. Mais à travers tout ce que j’ai lu, je suis quand même arrivée à me faire une idée sur la question. Les articles et différents sites sont en général d’accord sur certains points. D’autres sont plus polémiques.

     

    Commençons par ce qui met à peu près tout le monde d’accord :

    — Le gluten n’est réellement dangereux que pour les personnes atteintes de la maladie cœliaque. Ceux-là n’ont pas le choix, ils doivent supprimer impérativement le gluten au risque de très gros troubles intestinaux notamment.

    Ensuite, il y a des gens sensibles au gluten, dont l’état s’améliore quand ils en consomment moins voire quand ils le suppriment.

    — Le gluten ne sert à rien. On ne peut avoir aucune carence parce qu’on n’en absorbe pas. Contrairement à certains nutriments, il n’apporte rien à l’organisme, du moins rien de bien. Il peut par contre apporter du mauvais, en cas d’allergie.

    — Pendant des siècles, on a consommé beaucoup moins de gluten que de nos jours. Même quand on  mangeait davantage de pain qu’aujourd’hui, il en contenait moins. C’est au début du 20e siècle que l’on s’est mis à sélectionner et croiser des plants de blé afin que les grains augmentent leur teneur en gluten.

     

    Passons à ce que certains scientifiques trouvent plus discutable :

    — Même quand on ne souffre ni de la maladie cœliaque, ni d’intolérance ou de sensibilité au gluten, on peut s’épargner certains troubles en le supprimant. Troubles intestinaux, troubles cutanés, mais on parle aussi de plus en plus de troubles nerveux. On pourrait paraît-il éliminer pas mal de dépressions nerveuses en adoptant un régime sans gluten. Des témoignages indiquent aussi que des troubles autistiques ont été réduits par un arrêt de cette consommation. Il y a eu également des améliorations de maladies neurodégénératives (comme les démences) en supprimant le gluten et parallèlement, en augmentant l’apport de certaines vitamines.

    On trouve cela surtout sur les sites de santé naturelle, la médecine officielle semble écarter ces pistes. Comme souvent, on passe au mieux pour un(e) illuminé(e).

     

    Là, ce sont les faits. Demandons-nous maintenant pour quelles raisons on s’est mis à produire un blé contenant de plus en plus de gluten (chose que nul ne conteste).

    Le gluten est ce qui donne le moelleux, l’élasticité au pain, aux pâtisseries, aux pâtes, etc. Quand on mange sans gluten, il n’y a pas de différence gustative (ce n’est pas moins bon), mais il y a une différence de consistance. Or les gens aimant par exemple le pain bien gonflé, bien croustillant, avec une mie bien tendre, on a décidé de flatter ce goût.

    On est donc dans une simple stratégie commerciale. Si on nous fait absorber de plus en plus de gluten, c’est simplement pour que nous soyons le plus possible « accro » aux produits comme le pain, les biscuits, les gâteaux.

    Et je dois dire que cette simple idée me gêne. Chaque fois que l'objectif est de me faire consommer davantage, je me méfie et j’ai tendance à vouloir faire l’inverse.

    Donc, même dans l’hypothèse où le gluten ne serait absolument pas néfaste pour la santé (ce dont je doute personnellement), j’aurais quand même fait le choix de cesser d’en manger (ou d’en manger le moins possible) pour ne pas entrer dans le jeu de l’industrie agro-alimentaire dont le seul but est de nous faire consommer toujours plus (et rarement mieux).

    Par ailleurs, outre les produits à base de farine de blé, on trouve du gluten désormais à peu près dans tout. Principalement, c’est sous forme d’additifs. Le gluten va servir de liant, va servir à rendre plus agréable la consistance d’un plat. Souvent, il se cache sous des dénominations inoffensives comme les amidons, ou plus barbares comme les dextrines.

    Quand on épluche les étiquettes, on se rend compte que du gluten, il y en a quasiment dans tous les plats préparés. On en trouve même dans la charcuterie, les soupes en boîtes par exemple !

    Ce qui fait qu’au total, quelqu’un qui déciderait de surveiller sa consommation de pain par exemple, pour réduire le gluten, se trouverait probablement piégé par tous les autres produits.

    Ce n’est pas d’hier que l’on a cherché à rendre les nourritures addictives. Plus un produit est agréable aux papilles, plus évidemment on va en acheter. On rajoute ainsi aussi du sel, du sucre, l’imagination des fabricants semble sans limites quand il s’agit de vendre.

    Il serait bien sûr simpliste de réduire les problèmes de surpoids, d’obésité, de boulimie à de simples additifs. N’empêche qu’on peut de façon assez légitime se poser la question de savoir pourquoi aujourd’hui il est de plus en plus difficile de s’arrêter d’acheter certains produits, de s’arrêter d’en manger quand on a commencé, alors que parallèlement, ces produits sont enrichis en permanence en gluten.

     

    Mon choix du sans gluten, c’est donc un refus d’entrer dans le système actuel de la société de consommation qui veut me faire dépenser toujours plus pour manger toujours plus mal. Quand bien même ce serait la seule raison, je referais le choix de limiter drastiquement (ou de supprimer quand j’y arrive) ma consommation de gluten.

    Comme quand on écarte les produits laitiers d’origine animale, cela paraît un peu compliqué au début, mais on s’y fait finalement très bien. Cela impose néanmoins la contrainte de bien lire les étiquettes pour vérifier la présence ou non de blé (principalement) sous toutes ses formes.

    Attention aussi aux arnaques du sans gluten ! On trouve de plus en plus de produits dans les rayons de supermarchés, qui surfent évidemment sur ces nouvelles habitudes de consommation et proposent une offre conséquente.

    Or d’une part, les produits sans gluten sont la plupart du temps fort chers. Et surtout, pour que les consommateurs ne perdent trop leurs habitudes dans la consistance des mets, ils sont bourrés d’additifs de toute sorte. Alors si c’est manger sans gluten pour manger trois ou quatre fois plus d’additifs, je ne vois pas trop l’intérêt.

     

    Comme toujours, on en revient à la même chose : il faut cuisiner au maximum soi-même. Avec des produits de base, simples. Cela permet de savoir exactement ce que l’on absorbe, de manger pour nettement moins cher et sans avaler toutes les cochonneries que l’industrie agro-alimentaire semble adorer nous faire absorber.

     

     


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