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    Sissi était-elle anorexique ?

     

     

     

    Avant d'en arriver à Sissi, quelques remarques générales préliminaires. 

     Il n'y a pas UNE anorexie, mais trois formes de cette maladie, qui se manifestent différemment mais qui correspondent à un même trouble psychique.


    - L'anorexie mentale "pure et dure" : la personne (neuf femmes pour un homme en moyenne) cesse quasiment toute alimentation, se voit énorme quel que soit son poids y compris quand il est au plus bas, et dépense pourtant une énorme énergie dans le sport par exemple et une hyper activité au quotidien.

    - La boulimie, où les symptômes sont inverses. La personne se gave de nourriture même si elle n'a pas faim, et peut absorber plus de 10 000 calories par jour. 

    - L'anorexie "vomisseuse" : la personne va manger comme dans la boulimie, mais après chaque crise, va se faire vomir, ce qui lui permet de maintenir un poids faible.

    Après ce préambule, revenons à Sissi. 
    Il semble que l'on puisse éliminer la situation numéro 3, car aucun texte ne nous permet de dire que Sissi se faisait vomir. 

    Le cas de la boulimie peut aussi être exclu. Certes, nous savons que parfois, elle ne se privait pas d'un très bon repas, et qu'elle pouvait être gourmande, notamment de glaces. Mais une boulimique qui ne vomit pas va devenir énorme, et évidemment, ce ne fut jamais le cas de Sissi, bien au contraire. 

    Donc, reste la possibilité de "l'anorexie mentale". Pour ma part, j'ai des doutes, mais cela n'engage que moi. Donc Sissi était-elle anorexique ? 

    C'est "oui" si on se réfère à toutes les biographies disons, assez récentes. Dans les plus anciennes, comme celle du comte Corti (vers les années 30), qui fait toujours autorité, il est question de ses régimes mais le mot n'est pas prononcé (on ne parlait guère de ces maladies à cette époque). 

    Il y a bien sûr des arguments dans ce sens :

    Tout le monde sait que Sissi était obsédée par sa minceur. Au fil de sa vie, elle a essayé des quantités de régimes. Blancs d'oeufs crus mélangés à de l'eau salée, uniquement oranges et lait, ou uniquement des côtelettes presque crues, etc. Elle faisait des heures d'exercices par jour. Elle se faisait masser quotidiennement. Elle dormait les hanches entourées de linges humides qui en séchant durant la nuit, rétrécissaient et serraient ses hanches. Je ne vais pas m'étendre sur tout ce qu'elle a fait pour rester mince (sans parler des corsets). Sa vie entière, son tour de taille ne dépassa pas 50 centimètres. 

    Mais il y a d'autres arguments :

    L'anorexie mentale correspond, parfois à l'insu de la personne, à une lente forme de suicide. Sissi était certainement névrosée (qui n'a pas sa petite névrose ?), mais sauf après la disparition tragique de Rodolphe à Mayerling, elle n'a jamais souhaité la mort.

    Par ailleurs, nous avons la chance de disposer de très nombreuses photos d'elle (les portraits étant toujours sujets à caution). 
    Or, ces photos nous montrent une femme certes extrêmement mince, mais avec des épaules plutôt rondes, et un visage qui n'est pas du tout creusé. 
    Les anorexiques sont décharnées, la peau plaquée sur les os. Nous avons tous vu déjà des photos effrayantes. 
    Elisabeth n'est pas ainsi. D'ailleurs, une femme dans cet état n'aurait jamais, même avec la meilleure volonté du monde, pu être considérée comme une des plus belles femmes de son temps, alors qu'elle inspirait de l'admiration à tous ceux qui la rencontraient. 

    Je crois donc que, très en avance sur son époque, elle était fascinée par la minceur et qu'elle voulait la conserver de manière obsessionnelle. N'oublions pas non plus que ses quatre soeurs sont également grandes et très minces, comme Sophie, la plus jeune, devenue duchesse d'Alençon, celle qui physiquement lui ressemblait le plus.

    Alors, une hérédité physique mêlée à un souci de beauté qui, dès son arrivée à la Cour de Vienne, fut un de ses seuls atouts, ce dont elle prit très vite conscience pour essayer d'exister parmi des gens qui, d'une façon générale, la détestaient ? 

    On m'objectera qu'il y a des antécédents psychiques chez les Wittelsbach. Sissi était de toute évidence une hypersensible, mais elle ne manifeste aucun trouble dans son adolescence, époque pourtant charnière où l'anorexie, sous une de ses trois formes, apparaît en général. Elle est équilibrée, heureuse, elle a bon appétit... mais est déjà très mince, et très sportive. Donc, tout ce qui arrivera par la suite, après un début de mariage catastrophique malgré l'amour que lui porte François-Joseph, trois grossesses en quatre ans alors qu'elle est si jeune, la mort de sa petite Sophie, a pu la rendre obsédée par rapport à sa minceur et sa beauté, mais anorexique ? 

    Pour finir, Sissi se savait excessivement mince et belle. Une anorexique se voit toujours grosse et laide. Il y a une déformation de l'image que l'on a de soi. 

    Ce n'est que ma théorie personnelle, bien sûr, mais peut-être en vaut-elle une autre ?
     


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    Je me suis rappelé qu'après la citation de Malraux, j'avais dit que je mettrais un article sur Hopper, pour "illustrer" la phrase tirée de "La condition humaine". 

    J'ai découvert Hopper par pur hasard. Dans une librairie, il y avait des reproductions de toiles en vente, et j'ai eu un coup de foudre pour deux d'entre elles que j'ai achetées. Je n'ai découvert qu'après que c'étaient deux oeuvres de Hopper. Plus tard, j'ai acheté tout un livre sur lui, et j'ai commencé à me renseigner, même si je suis loin d'être une spécialiste de la peinture. Je fonctionne plutôt au coup de coeur qu'à la connaissance. 

    On a souvent dit que Hopper était le peintre de la solitude. Pour moi, il est plutôt celui de l'incommunicabilité. Du mystère aussi. J'aurais aimé mettre tous ses tableaux (ben voyons !), mais il a fallu faire des choix. 

     

    Voici un premier tableau :

     

    EDWARD HOPPER (1882-1967)

     

    Que fait cette femme, que l'on ne voit en plus que derrière une fenêtre ? Elle regarde son jardin, le temps qu'il fait ? Elle attend quelqu'un, l'homme qu'elle aime ? Elle le voit partir ? Ou une amie... On ne le saura jamais. Mais elle est seule, ça, c'est certain.

     

    Second tableau :

     

     EDWARD HOPPER (1882-1967)

     

    Solitude et incommunicabilité dans le couple.

    Car peu de doute, il s'agit ici bien d'un couple. L'homme est tourné vers la femme, mais on n'est pas sûr qu'il la regarde. Quant à cette dernière, elle a les yeux fixés devant elle. Ils ne se parlent pas. Hopper a vécu un mariage difficile, semble-t-il. Est-ce pour cela qu'il n'y a pas de tableaux de couples amoureux ? Ou un couple, même amoureux, ne peut-il pas se parler ? La communication est-elle impossible entre les individus ?

     

    Un nouveau tableau, un des plus spectaculaires à mon avis : 

     

     EDWARD HOPPER (1882-1967)

     

     

    Cela peut faire penser à une scène de vacances, comme l'indique le titre : "People in the sun". Personne ne regarde personne, l'un lit le journal. Les personnages ressemblent presque à des mannequins, figés dans leurs attitudes. 

     

    Un des plus célèbres : 

     

     

    EDWARD HOPPER (1882-1967)

     

     "Nighthawks", une grande toile. Certains ont vu en la femme Marylin, et en l'homme James Dean. Des noctambules dans un café, où chacun semble indifférent à ses voisins. Le spectateur est presque en position de voyeur : les personnages sont peints de derrière une vitre (comme le premier tableau). Incommunicabilité entre les individus, mais aussi entre le spectateur et l'oeuvre. 

    On pourrait ainsi multiplier les exemples de ces gens seuls, semblant attendre quelque chose ou quelqu'un, avec une forme de résignation ou d'interrogation. 

    Et un petit dernier, pour me faire plaisir, parce celui-là, il est au mur du salon (enfin, sa reproduction, bien sûr, sinon, je serais très riche !!!). Les maisons de style colonial sont courantes aussi chez Hopper : 

     

     

    EDWARD HOPPER (1882-1967)

     

    Ces commentaires ne sont que des "ressentis". Et j'ai préféré ne pas aller chercher pour chaque tableau des remarques de spécialistes. Comme pour la littérature, celui qui découvre une toile se "l'approprie" selon ses impressions et ses émotions. 

     


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