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    Pour y avoir bien réfléchi, je me rends compte que ce qui me gêne (le mot étant un euphémisme), ce n’est pas manger de la viande… c’est manger de la viande d’élevage.

    Je l’ai déjà dit mais je le répète : l’homme est omnivore. Donc il est fait pour, entre autres, consommer de la viande, à l’instar de tous les omnivores et carnivores. Que l’être humain ait tué pendant des millénaires pour se nourrir, et ainsi survivre, ne me semble pas plus choquant qu’un lion qui tue une gazelle pour survivre lui aussi. Enfin si, les images me heurtent, mais je ne vais pas aller à l’encontre de la nature qui a décidé cet ordre des choses. C’est ainsi.

    Par contre, il y a environ dix mille ans, l’homme se sédentarise et développe l’agriculture et l’élevage (ou il développe l’agriculture et l’élevage, ce qui lui permet de se sédentariser, j’ignore dans quel sens ça s’est fait, les deux sont allés de concert, certainement).

    Évidemment, pas plus que quiconque, je n’étais là à cette époque pour voir comment les choses se sont passées. Mais la taille des cheptels a dû rapidement grandir, surtout quand la population a commencé à se concentrer (villages et villes). Le bétail étant destiné en même temps à fournir de la viande et du lait, ça a dû faire assez vite des troupeaux importants.

    Donc, à partir de ce moment-là, l’homme tue et mange des animaux qu’il a élevés dans ce but. Et ce n’est plus du tout la même chose que chasser son gibier. Car cette fois, il ne fait plus comme les autres espèces omnivores et carnivores : il engraisse des bêtes pour ensuite les sacrifier. Dans la nature, il est le seul à agir ainsi. Et il me semble que c’est cela qui pose des questions d’ordre moral.

    Certains individus aiment faire souffrir et tuer, ce n’est pas une découverte. Donc dès le début de la sédentarisation, comment a-t-on traité les animaux, devenus des sortes d’objets à la disposition des êtres humains ? Bien ou mal ? Parfois bien je l’espère, mais souvent mal, c’est certain.

    Et aujourd’hui, nous en arrivons aux abominations de l’élevage industriel. Il est inutile bien sûr de tout décrire, mais on peut donner quelques aperçus. France 5 a diffusé assez récemment un reportage « Faut-il continuer à manger des animaux ? », dans Le Monde en Face. Je savais à peu près tout ce qui a été dit… il n’empêche que ça fait frémir.

    Citons par exemple les poules, parquées dans des hangars gigantesques, où la lumière est allumée vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour les empêcher au maximum de dormir. Stressées, elles passent leur temps à manger (c’est l’objectif, elles doivent grossir vite pour être mises sur le marché rapidement), dans une saleté répugnante, pas mal meurent. Et ce n’est pas mieux pour celles destinées à produire des œufs (hors élevages bio en plein air).

    Autre monstruosité, les porcs : les porcheries industrielles produisent plus de 90% en France des porcs que nous consommons (beaucoup moins dans un pays comme la Grande-Bretagne). Et là, c’est l’horreur. Les truies sont toutes inséminées le même jour, mettent bas quasiment toutes ensemble dans une immense salle destinée à cela. Ensuite, chacune est parquée dans un microscopique enclos : couchée sur un côté à même le béton le plus souvent, la bête est entourée de barrières métalliques qui l’enserrent si étroitement qu’elle ne peut même pas se retourner. Elle est là pour manger le plus possible, nourrir ses petits afin qu’ils engraissent très vite. Cela dure quarante jours. Interrogé, l’éleveur disait seulement : « Les cochons sont bien comme ça, ils n’ont pas besoin de bouger, ils ne le font quasiment pas dans la nature ». Il me semblait bien pourtant en avoir vu s’ébattre dans des champs… mais j’ai dû rêver !

    On peut aussi évoquer les élevages intensifs de vaches qui n’ont jamais vu la lumière du jour, les moutons, etc.

    Je ne conçois pas que dans ces structures gigantesques, on puisse aimer les bêtes : ravalées au rang de simple objet, elles ont perdu leur statut d’être vivant. Elles ne sont que de la viande sur pattes.

    Bien sûr, certains producteurs sont respectueux. Ceux qui ont de petits troupeaux, laissent les animaux à l’air libre, et les nourrissent de façon naturelle. Il n’empêche qu’au bout du compte, eux aussi les conduisent à l’abattoir.

    Et les abattoirs justement… faut-il en parler ? On a tous vu des images tournées clandestinement, montrant des individus qui prennent plaisir à faire mal, qui ne respectent pas les règles « déontologiques » pourtant normalement imposées dans le métier (étourdir la bête avant de la tuer). De toute manière, quand on sait comment elle est étourdie !

    Sans compter que pour les tuer, il faut les conduire justement à l’abattoir. La plupart du temps, cela nécessite de longs trajets (jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres), pendant lesquels les animaux sont serrés les uns contre les autres dans des camions. Tous n’y survivent pas. Et leur stress est maximum. D’ailleurs, ce stress peut-il permettre de produire de la viande de bonne qualité ? J’ai des doutes, surtout quand on voit tout ce qui passe dans un organisme vivant sous l’effet de la peur, de l’angoisse.

    Alors oui, manger de la viande d’élevage, ça me pose un problème. Surtout de nos jours (mais ça avait dû commencer il y a fort longtemps), c’est un concentré de souffrance physique, bien sûr, mais aussi morale. Et ce sont des choses auxquelles on ne songe pas, ou on ne veut pas songer, quand on achète ses escalopes.

    Je sais, on me dira que vu la population mondiale, chacun ne peut pas aller chasser son gibier pour se nourrir comme à l’époque préhistorique. C’est une évidence. Mais il y a d'autres solutions. 

    (J'ouvre ici une parenthèse : certes, la chasse existe encore, mais je ne veux même pas parler de celle qui est pratiquée dans nos contrées, c’est-à-dire sous forme de loisir. Les quelques chasseurs que j’ai connus m’ont plutôt dégoûtée. Là encore, il y en a peut-être (et même certainement) qui sont respectueux de l’environnement, du monde animal, mais je ne crois pas malheureusement que ce soit la majorité. Que reste-t-il dans ce cas ? Les viandards, ceux qui comme un ancien collègue, quand ils ne ramènent rien, tirent en rentrant chez eux sur un chien ou un chat « pour dire d’avoir tué quelque chose » (sic). Et qui après vont, je suppose, au supermarché acheter des steaks sous emballage plastique.)

    Alors oui, l’homme est omnivore, oui, l’homme est fait aussi pour manger de la viande, mais de la viande d’élevage, là non. Surtout pas quand elle a été produite dans de telles conditions, qui sont indignes.

    Je sais que je ne changerai pas les choses, que je ne changerai pas la nature humaine, ni la société dans laquelle je vis… mais je peux au moins faire le choix de ne pas consommer cette souffrance.

    D’autant qu’encore une fois, dans nos pays dits « riches », la viande n’est pas du tout indispensable pour survivre. Si c’était le cas, je pourrais mieux comprendre. Mais on a mille façons de se nourrir et d’avoir sa ration de protéines sans se prêter à ce cauchemar. Et je n’évoque pas à nouveau ici les dégâts que l’élevage entraîne pour la planète.

     

    Être végétarien peut sembler aller à l’encontre de l’essence de l’homme. Et pourtant, à l’époque actuelle, n’est-ce pas manger de la viande qui est devenu contre-nature ?

     

     

     


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    Notre dessert d’hier soir (et pour les repas suivants), était un délicieux clafoutis aux poires et aux amandes. J’en avais trouvé la recette dans un magazine féminin, mais je l’ai transformée, comme toujours, et je le réalise naturellement sans gluten et sans lactose.

    Traditionnellement, je sais que le clafoutis se fait aux cerises, mais j’aime tellement ce gâteau et la saison des cerises est si courte (d’autant que personnellement, je ne suis pas si fan que ça de ce fruit) que je fais d’autres recettes qui me permettent d’en manger tout au long de l’année. En général l’hiver, c’est un clafoutis aux pruneaux, un peu sur le principe du far breton, mais poires et amandes se marient très bien.

     

    Ingrédients :

     

    — 3 gros œufs

    — 90 grammes de sucre de canne

    — 40 grammes de fécule (maïs, ou pomme de terre, tout marche. Pour ma part, j’opte pour un mélange avec 30 grammes de fécule, et 10 grammes d’arrow-root, qui permet à la pâte de bien prendre.)

    — 50 à 60 grammes de poudre d’amande (On peut acheter bien sûr de la poudre d’amande bio. Mais je trouve qu’elle perd vite de son goût et s’évente facilement. C’est pourquoi, je préfère toujours mixer moi-même finement des amandes entières.)

    — 250 millilitres d’un mélange de crème d’amande et de lait d’amande (environ 180 millilitres de crème, et 70 millilitres de lait)

    — 4 poires mûres

    — 50 grammes d’amandes effilées

    — Un peu de purée d'amande

     

    (La recette indiquait aussi un sachet de sucre vanillé, mais je n’ai pas trop confiance dans ce genre de chose, donc personnellement, je préfère m'abstenir.)

     

    Réalisation :

     

    — Éplucher les poires, les couper en deux, les évider, puis faire des tranches pas trop fines (ou pour aller plus vite, les couper en quartiers et faire là aussi des tranches).

    — Préchauffer le four thermostat 6 (180°).

    — Fouetter les œufs et le sucre jusqu’à ce que le mélange blanchisse. Incorporer la fécule et l’arrow-root, les amandes en poudre (et le sucre vanillé si on choisit d’en mettre), puis la crème et le lait.

    — Graisser un moule à gratin rectangulaire avec de la purée d’amande. Y ranger les tranches de poires.

    — Couvrir les fruits avec la pâte à clafoutis.

    — Répartir les amandes effilées sur le dessus.

    — Enfourner environ 45 minutes (vérifier avec un couteau au bout de 40 minutes, mais en général, c’est un peu juste).

     

    Le clafoutis est meilleur quand il a un peu « pris » au réfrigérateur. Cela dit, il faut penser à le sortir au moins une demi-heure à l’avance pour ne pas le manger trop froid. De même que quand un plat est trop chaud, cela occulte les goûts, et nos organismes préfèrent la nourriture à température ambiante ou tiède.

     

     

     


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    C’est tardivement que j’ai découvert la satisfaction alimentaire, le fait de s'installer à table avec un vrai plaisir et une bonne faim, en se disant qu’on va se régaler dans une ambiance détendue. Cela remonte à environ trois ans… quand je me suis mise à cuisiner, tout simplement.

    Pour parler un peu de mon passé dans ce domaine, j’ai été élevée par des parents pour qui apparemment, l’acte de manger et ce que l’on mangeait étaient peu importants. En fait, je me rends compte que je ne sais pas trop ce qu’ils pensaient à ce sujet. Ce qui est sûr c’est que selon mes souvenirs, les repas n’étaient pas franchement des moments agréables.

    Déjà, pendant des années, on a déjeuné et dîné avec la radio allumée, et il ne fallait pas parler. À midi, mon père écoutait une émission de jeu, et le soir, une émission d’actualité. Or prendre un repas en silence ne donne pas vraiment envie de le prolonger plus que nécessaire.

    Et puis, on était loin d’avoir une nourriture plaisir. Ma mère détestait cuisiner et s’en tenait vraiment au « minimum syndical ». Pour être tout à fait honnête, je ne me rappelle pas ce que contenaient nos assiettes. Il me semble de la viande (avant que je ne devienne végétarienne), mais des steaks, escalopes, côtelettes juste grillés. La viande n’était pas accommodée, peut-être un pot-au-feu, un couscous, mais vraiment très occasionnellement. Et puis du poisson pané, des salades composées, des quiches (faites avec une pâte brisée qu’on déroule), du jambon et du fromage le soir, ainsi que du potage de légumes en hiver. Quand les plats préparés surgelés ont commencé à se généraliser dans les supermarchés, on en a pas mal consommé. Notamment des crêpes salées fourrées par exemple aux champignons. Ça, ce devait être assez fréquent, car je n’ai pas oublié.

    En dessert, je crois que c’étaient fruits ou yaourts, peut-être des mousses au chocolat toutes prêtes, ou des choses de ce genre. Pareil, je n’ai quasiment aucun souvenir de gâteaux, ma mère n’en confectionnait pratiquement jamais. Elle avait bien une recette avec des dattes et des noix, je l’adorais d’ailleurs, mais je ne m’en suis pas régalée très souvent, car ma mère la trouvait trop longue à réaliser. Les rares fois où il y avait des desserts faits maison… c’était mon œuvre ! À l’adolescence, pendant les vacances, je me revois préparer de la tarte au citron meringuée ou des crèmes caramel, par exemple.

    Mais globalement, le fait que je ne sache plus dire ce qui constituait les menus me paraît assez révélateur. Rien ne m’a marquée, or il me semble que si ça avait été excellent, je m’en souviendrais. On garde en mémoire les odeurs, les saveurs de notre jeunesse, nos madeleines de Proust. (Mon mari peut d’ailleurs, lui, encore parler des plats sa mère.)

    La religion de mes parents, c’était le restaurant. Il était soit une récompense (ils se faisaient plaisir le week-end), soit selon mon père, ça évitait du travail à ma mère. Je suppose donc que j’ai largement associé la cuisine à une perte de temps. La règle était celle-ci : à l’extérieur, c’est bon, à la maison, c’est le tout-venant. Mes parents appréciaient presque tous les restaurants qu’ils fréquentaient, alors qu’avec le recul, je me rends compte qu’on y mangeait pas mal de cochonneries (plats certainement surgelés, goûts standard). Mais bon, ils aimaient ça et ils en avaient les moyens, donc pourquoi pas ?

    Seulement, quand j’ai quitté le domicile familial, j’ai fait comme eux, bien sûr. Boîtes de conserves, plats tout prêts, repas préparés sur le pouce et mangés distraitement. S’attabler avec plaisir au fond, je ne connaissais pas. Passer du temps pour confectionner un bon plat qui allait régaler les convives et les papilles, je ne connaissais pas non plus. À l’instar de mes parents, j’aimais les restaurants, on se mettait les pieds sous la table, et c’étaient des goûts qu’on n’avait pas chez soi.

     

    Je me demande aujourd’hui si tout ça n’a pas fait que manger a longtemps été pour moi un problème. Dès l’adolescence, je n’ai plus eu un rapport normal avec la nourriture. Soit je me privais pendant de longues périodes, soit je mangeais en excès sans savoir m’arrêter. Et toujours des trucs tout faits, qui s’avalent très rapidement. Pour la bonne conscience, j’achetais parfois des légumes, mais les courgettes non cuisinées, ce n’est pas très exaltant ni approprié pour se réconcilier avec la satisfaction alimentaire !

     

    Je ne sais pas comment j’ai fait pour sortir de cette logique ! En fait si, je le sais. Quand je me suis crue, il y a trois ou quatre ans, intolérante au gluten et au lactose, quand j’ai découvert qu’on en rajoutait dans tout, je n’ai pas eu le choix : il a bien fallu que je me mette à cuisiner. Les boutons que j’avais sur les jambes me pourrissaient tellement la vie que pour m’en débarrasser, j’étais prête à changer complètement mes habitudes. Comme quoi, ces boutons ont été un facteur déclenchant et décisif : au bout du compte, même si j’ai failli en devenir dingue, les puces de lit m’ont rendu un fier service !

    Sauf que commencer à cuisiner n’a pas été facile, ce n’était pas pour moi un acte naturel. Par ailleurs, je dois faire partie des rares femmes qui ne tiennent pratiquement aucune recette de leur mère. En général, il y a une tradition culinaire dans les familles, des plats qui se transmettent de mère à fille. Il m’a donc fallu partir de zéro. Je reconnais que pour ça, internet m’a bien rendu service.

     

    Et… le miracle s’est produit ! Au début, par manque d’expérience, je n’ai rien fait de très compliqué, mais la différence de goût, je l’ai sentie tout de suite. Manger un cookie de supermarché ou un biscuit aux flocons d’avoine de ma fabrication, j’ai vite vu que ce n’était pas pareil ! C’était bien meilleur… et on en mangeait moins. Ce qui continue à me faire dire qu’il y a bien des nourritures addictives.

    Petit à petit, en fonction des ingrédients dont je disposais, j’ai cherché des idées… pour en arriver au bout du compte à cuisiner vraiment souvent et à quasiment tout faire moi-même. Ce ne sont pas forcément des choses compliquées ou chronophages, j’ai quelques recettes simples, rapides, même pour les desserts, mais on ne mange presque jamais du tout prêt. Une simple omelette de pommes de terre, un morceau de poisson avec de l’aïoli, sont pour nous des mets de choix !

     

    Maintenant, quand nous passons à table, c’est un vrai bonheur. On discute, on prend le temps d’apprécier, on déguste, le déjeuner et le dîner sont devenus des moments essentiels de nos vies. La nourriture n’est pas toujours extrêmement élaborée, mais elle n’est jamais médiocre. Les ingrédients sont sélectionnés avec soin, ça a du goût. On mange rarement en grosse quantité parce qu’on savoure tellement qu’on n’a pas besoin que ce soit abondant. Désormais, c’est la qualité que nous privilégions.

    Alors oui, pour moi qui n’avais vécu l’acte alimentaire au fond que comme une contrainte, c’est une révélation, un petit miracle. Comme la plupart des femmes, je suppose, je râle parfois quand j’ai l’impression de passer trop de temps à préparer un plat, quand il faut caser ça au milieu des activités de la journée… mais au moment où je m’assois pour le repas, la satisfaction est extrême et toute mon éventuelle mauvaise humeur s’envole.

    Manger me procure du plaisir, me réconforte, j’ai l’impression que ce sont des instants où je fais du bien à mon palais, à ma tête et à mon corps dans son ensemble.

     

     

    Alors oui, vive les puces de lit, vive le temps consacré à la cuisine ! Désormais, je ne me priverais pour rien au monde du bonheur de me nourrir, à tous les sens du terme. Je suis en paix et heureuse avec mon alimentation, et ça, ça n’a pas de prix !

     

     

     


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    Je suis végétarienne depuis très longtemps (enfin, je le suis presque tout le temps, sauf si je me trouve invitée par exemple, parce que la vie en société impose une certaine tolérance).

    Je le suis devenue autour de vingt ans. Mes raisons étaient alors simples, et je ne m’interrogeais pas énormément sur la question.

    D’une part, il y avait eu déjà quelques scandales alimentaires (le veau aux hormones notamment, il me semble que pendant un bon moment, on n’en a plus mangé à la maison). La viande apparaissait déjà comme quelque chose de pas vraiment sain, même si j’étais peu sensible finalement à ces préoccupations.

    Ensuite et surtout, j’adorais les animaux : penser qu’on les tuait pour les manger me heurtait. Et encore, je ne savais pas grand-chose sur les abattoirs, et quasiment rien sur les conditions d’élevage, ou les vaches laitières. Car paradoxe, ça ne me posait pas de problèmes de consommer du lait ou des produits laitiers, j’aimais même ça.

    Enfin, tout simplement, c’était assez couru dans le milieu d’étudiants dans lequel j’évoluais. On était plusieurs végétariens : j’ignore si les autres le sont restés, mais pour moi, ça a été le cas.

    J’ai conservé ces convictions pendant des années. Ça amusait mon entourage, et à une époque où je déjeunais à la cantine, je passais je crois pour une originale. Le cuisinier, qui m’aimait bien, préparait parfois rien que pour moi de petits gratins d’endives, de poireaux, que je dégustais sans états d’âme (alors qu’ils étaient pleins de crème ou de lait). Tout le monde s’y était fait, famille, amis, relations. Je m’abritais même derrière des phrases de gens célèbres, une de mes préférées étant de Marguerite Yourcenar : « Je ne veux pas digérer une agonie ». C’était une belle caution morale !

     

    Aujourd’hui que je suis devenue orthorexique, je ne consomme toujours pas de viande, j’aime toujours les animaux, mais il me semble que la réflexion sur le végétarisme doit être plus complète, plus globale.

     

    D’abord, commençons par ce qui est une évidence : l’homme n’est pas naturellement végétarien. Il est omnivore, à l’instar d’autres espèces comme le porc, l’ours ou le renard pour ne citer qu’eux. Il a de tout temps mangé de la viande, nos « ancêtres » préhistoriques étaient d’ailleurs, selon l’expression qui a fait florès, des « chasseurs-cueilleurs ». Ils chassaient et dévoraient leur butin quand il y en avait un, ceux qui vivaient au bord de la mer ou des rivières pêchaient.

    Il ne s’agit pas de savoir si c’est bien ou mal. Quand on parle de nature, de l’essence d’une espèce, la morale n’entre pas en ligne de compte. C’est ainsi. Il ne viendrait à l’idée de personne de contester que les félidés par exemple sont des carnivores, nul ne nourrirait son chat avec des légumes. D’autres animaux sont des herbivores comme les éléphants, ou les vaches. L’évolution a fait que l’homme, pour sa part, mange de tout. Viande, poisson, légumes, fruits, céréales…

    Donc d’une certaine manière, devenir végétarien est quelque chose de « contre-nature ». On va à l’encontre de ce que nous sommes, un peu comme quand on a rendu, à l’inverse, les vaches carnivores en les nourrissant aux farines animales.

     

    Cela dit, l’homme étant un animal pensant, il peut faire le choix de ne pas consommer de viande pour différentes raisons.

     

    Ces raisons sont souvent d’ordre moral. Même si l’espèce n’est pas par essence végétarienne, celui qui ne veut pas ingérer du cadavre (à cause de tout ce que ça représente, de la souffrance animale) peut facilement l’éviter dans nos contrées. On trouve des protéines après tout dans pas mal d’autres aliments (œufs, produits laitiers, mais aussi légumineuses, ce que je ne savais pas avant de devenir orthorexique… je ne savais d’ailleurs pas grand-chose sur l’alimentation).

    La nourriture se trouvant en surabondance dans les pays occidentaux, se passer de viande aujourd’hui n’est pas un problème. Autant autrefois il était essentiel d’en manger quand c’était possible, car on connaissait des périodes de famine (et dans ces situations, on n’a pas trop d’états d’âme sur ce qui nous permet de survivre…), autant désormais, la viande n’est plus obligatoire ni même nécessaire. On ne mourra pas de faim si on n’en consomme pas. Les végétariens, à ma connaissance, ne sont pas sous-alimentés.

    Comme quoi, la richesse (la richesse globale des pays, je ne veux pas dire bien sûr que tous les gens sont riches) modifie nos valeurs morales. Si on meurt de faim, on mange ce qu’on trouve, y compris la chair animale, bien content d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Quand on a de la nourriture à profusion, on peut commencer à se poser des questions, à s’interroger sur ce qui est bien ou mal selon la perception de chacun.

     

    On ne devient cependant pas végétarien uniquement en mettant en avant des arguments moraux. Il y a aussi des raisons disons « écologiques », mais ça, je l’ai découvert plus récemment que la souffrance animale, qui est quelque chose d’évident pour toute personne un peu sensible. En effet, manger de la viande est franchement mauvais pour la planète. L’élevage entraîne une déforestation massive pour que les bêtes puissent pâturer, et surtout pour produire le fourrage, les céréales qu’on leur donne à manger. Les animaux nécessitent aussi énormément d’eau, or on sait que l’eau douce sera un des enjeux majeurs des prochaines décennies (elle fera beaucoup plus défaut que la nourriture).

    Sans compter que pour produire une calorie de viande, il faut dix calories végétales (celles des aliments du bétail). Pour arriver à ça, on surproduit notamment des céréales. Et pas forcément des céréales bonnes pour la santé ni pour la planète. Si en France par exemple, le maïs OGM est à peu près interdit à la consommation humaine, il est autorisé pour l’élevage. Donc, indirectement, quand on mange de la viande, on mange des OGM (de même que quand on mange de la viande, on absorbe des antibiotiques, puisqu’on en administre à beaucoup d’animaux, y compris s’ils ne sont pas malades, pour accélérer leur croissance). Et comme nous sommes sans cesse plus nombreux sur la planète, ce problème écologique n’est pas près de s’arranger.

     

    Par ailleurs, même si je ne me suis jamais vraiment penchée sur la question, il me semble qu’on peut aussi devenir végétarien pour des raisons religieuses. Apparemment, les religions de l’Inde (hindouisme, bouddhisme) sont celles qui sont le plus orientées vers le végétarisme (au nom du principe que toutes les vies se valent). Des raisons de santé aussi, même si elles sont discutables : ce qui est mauvais pour la santé, est-ce manger de la viande, ou en manger en excès ? Est-ce en consommer, ou est-ce le mode de préparation (grillades, barbecue) ? Des peuples comme les Masaïs, ou les Inuits, dont la base de l’alimentation est carnée, n’ont pas plus de problèmes de santé que nous, semble-t-il.

     

     

    Donc, c’est la première conclusion à laquelle on peut arriver de façon à peu près certaine : même si l’homme n’est pas par essence végétarien, il peut faire le choix de cette alimentation pour des raisons variées qui sont le fruit d’une réflexion individuelle.

     

    À suivre

     

     

     


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    Cette recette de cake salé sans gluten et sans lactose, facile et relativement rapide à faire, m’a été indiquée par une amie qui l’avait elle-même trouvée sur un blog, me semble-t-il (je ne suis pas très douée pour inventer des plats, mais j’aime bien par contre les adapter. Toutes les idées glanées à droite ou à gauche sont donc bonnes à prendre).

     

    Ingrédients :

     

     

    — 150 grammes de farine (j’utilise personnellement moitié farine de sarrasin et moitié farine de riz)

    — 250 grammes d’oignons (poids quand ils sont épluchés)

    — 3 œufs

    — 3 cuillères à soupe d’huile d’olive

    — 100 grammes d’olives vertes dénoyautées

    — 1 cuillère à café de bicarbonate et une cuillère à soupe de vinaigre de cidre (ce mélange va permettre au cake de monter, il remplace la levure chimique)

    — 3 cuillères à soupe d’herbes hachées (je mets ce que j’ai, mais on peut utiliser sauge, marjolaine, romarin…)

    — Sel et poivre

     

    Réalisation :

     

    — Émincer les oignons et les faire revenir dans l’huile d’olive sans les colorer. Ils doivent devenir fondants. Laisser tiédir.

    (Ce sont les oignons qui se substituent au lait qui aurait sinon été nécessaire pour le cake.)

    — Préchauffer le four à 200° (thermostat 6-7).

    — Saupoudrer les oignons avec la farine, le bicarbonate, les herbes. Saler et poivrer. Mélanger. Tous les morceaux d’oignons doivent être bien enrobés.

    — Incorporer les œufs préalablement battus et le vinaigre de cidre.

    — Rajouter les olives vertes en rondelles.

    Dans l’hypothèse où l'on n’est pas allergique au lactose, on peut émietter un petit fromage de chèvre ou de brebis, mais c’est facultatif. Personnellement, je le fais généralement car cela rend l’ensemble plus moelleux.

    — Verser dans un moule à cake préalablement huilé et mettre au four pendant 20 minutes. Au bout de ce délai, baisser la chaleur à 180° (thermostat 6) et poursuivre la cuisson 20 à 25 minutes (vérifier avec la pointe d’un couteau).

    — Laisser refroidir puis démouler.

     

    Cette recette convient très bien pour les pique-nique, c’est d’ailleurs une de mes préférées dans ces occasions, mais aussi pour les apéritifs. Lors des repas en plein air, je fais ce cake en alternance avec un autre aux betteraves et noix de cajou, bien différent, mais tout aussi délicieux.

     

     

     


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